Les massacres d’albinos sont fréquents en Afrique, mais au Sénégal, le phénomène connaît une hausse inquiétante du fait de la tenue très prochaine du deuxième tour de l’élection présidentielle, prévue le 25 mars. Selon certaines croyances locales, « sacrifier un albinos permettrait de remporter une élection… ».
A la veille du second tour de l’élection présidentielle au Sénégal, les crimes rituels sur les albinos s’intensifient. « Ces dernières semaines, sept de nos frères et sœurs albinos auraient été victimes d’une chasse aux sacrifices », dénonce Mouhamadou Bamba Diop, président de l’Association nationale des albinos du Sénégal (Anas) sur 20 minutes.
L’Anas regroupe actuellement 2.040 adhérents dont la plupart présentent des handicaps qui les empêchent de mener une vie normale. Dans leur milieu social, ils sont perçus comme des fardeaux et finissent souvent dans la rue. Pourtant, c’est cette fragilité qui fait d’eux les proies faciles des instigateurs de meurtres rituels qui se servent des parties de leurs corps dans des rites sacrés, motivés par des envies de richesses et d’accomplissements de tout genre.
Dans sa ville natale de Thiès, située à une cinquantaine de kilomètres de Dakar, la capitale sénégalaise, Bamba Diop dénonce la passivité des policiers alors que de nombreuses plaintes sont déposées pour disparition inquiétante d’albinos. Du coup, ils sont livrés à eux-mêmes et doivent vivre chaque jour dans la peur.
« Je quitte Thiès pour venir travailler à Dakar comme informaticien. Mais j’ai du mal à sortir de ma maison parce que ma famille a peur. Pour autant, je ne peux pas me permettre de baisser les bras, il y a trop de choses à faire pour les albinos de ce pays », déplore-t-il.
Cheikh Thioune, 28 ans est nourri par le même sentiment de peur. Cet originaire de Touba, une ville située à 194 km à l’Est de Dakar, avoue « ne jamais sortir seul et ne jamais prendre le même chemin lorsqu’il sort » à la tombée de la nuit, au risque de finir en offrande.
En Afrique où un individu sur 4.000 est atteint d’albinisme, une maladie génétique, les marabouts recommandent souvent la capture d’un albinos en vue d’un rituel. A part le Sénégal, la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC), sont les plus touchés par ces pratiques maléfiques où des dizaines d’albinos font l’objet de sacrifices chaque année. Et le phénomène s’accentue plus particulièrement quand de grands évènements se préparent, notamment à la veille d’une élection présidentielle.