Kim Jong-Un prévoit de faire des premiers pas assez timides sur la scène internationale lors d’une visite en Russie. Il s’agit du premier séjour du dirigeant de la Corée du nord à l’étranger depuis qu’il est au pouvoir (trois ans).
Très attendu par les observateurs, ce voyage prévu en mai dans le cadre de la commémoration des 70 ans de la victoire des Alliés dans la Seconde Guerre mondiale représenterait le baptême du feu diplomatique pour Kim Jong-Un. Le Kremlin a confirmé la présence du numéro un nord-coréen à la cérémonie.
Une occasion de faire des rencontres intéressantes
De nombreux autres dirigeants seront attendus dans la capitale russe dont le président chinois Xi Jinping, ainsi que le président américain Barack Obama et la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye qui ont également reçu des invitations à assister à la commémoration. Tout rendez-vous de Kim Jong-Un avec un leader étranger serait intéressant pour ne citer qu’un entretien avec le président russe Vladimir Poutine représenterait "un premier sommet pour l’héritier de ce qui est considéré comme l’une des seules dynasties communistes de l’Histoire" détaille Libération.
Trois ans après sa prise de pouvoir
Les analystes n’approuvent pas les raisons pour lesquelles Kim Jong-Un n’a pas encore effectué un déplacement à l’étranger. Certains estiment qu’il a voulu respecter la traditionnelle période de deuil de trois ans en hommage à son père, et qui s’est terminée en décembre. D’autres évoquent son jeune âge et son inexpérience, l’obligeant de "faire ses premières armes à domicile avant de franchir la frontière". Notons que la dynastie Kim effectuait rarement des visites à l’étranger, outre des voyages chez les alliés traditionnels de la Corée du Nord, Pékin et Moscou. Une visite en Russie de Kim Jong-Un pourrait marquer la volonté de Pyongyang de diminuer sa dépendance envers la Chine alors que Moscou accroît les signes de soutien.
Sur les traces de son grand-père
D’après Andrei Lankov, spécialiste de la Corée du Nord et professeur à l’Université Kookmin de Séoul, il se pourrait que Kim Jong-Un veuille imiter son grand-père qui avait "joué Moscou contre Pékin" entre les années 1970 et 80. Kim Il-Sung avait obtenu de nombreuses concessions des deux pays sans leur donner grand chose en retour, a-t-il expliqué. C’est probablement la grande leçon de diplomatie que son petit-fils aura retenue. La Corée du Nord ne souhaite pas échapper à l’influence de la Chine mais veut la réduire, sachant notamment que Pékin n’est pas d’accord avec son programme d’armements nucléaires, poursuit Andrei Lankov. L’analyste est toutefois prudent et prévient que "tant qu’on ne le verra pas débarquer à Moscou, il n’y a aucune garantie qu’il s’y rendra vraiment".