Aujourd’hui c’est la journée mondiale du capoeiriste, un pratiquant de Capoeira. Ainsi, c’est l’occasion de mettre en lumière, en ce jour, cet art Brésilien.
La capoeira est un art martial pratiqué dans plus de 160 pays et par des personnes de tout âge, souligne notre interlocuteur.
Le terme capoeira signifie "ce qui était bois". La "Capoeira est un art martial afro-brésilien qui mêle lutte, danse, culture populaire, chants, instruments, jeu et spiritualité. Elle se caractérise par des mouvements agiles et complexes dans lesquels sont utilisés les pieds, les mains et des éléments de gymnastique et d’acrobatie. Elle se pratique dans une ronde formée de capoeiristas qui jouent des percussions brésiliennes comme le berimbau, l’atabaque, le pandeiro, l’agogô et le reco-reco accompagnée de chants portugais" lance Marcos Goes Da Silva dit Couro Seco, maître de capoeira de l’Association Brésilienne de Capoeira Angola Internationale (ABCAI),
"L’émergence de cet art martial a été menée par les esclaves comme une forme de résistance à l’oppression de leurs maîtres et de préservation de leurs identités culturelles. Aujourd’hui, la Capoeira, c’est toute la force de l’Afrique mélangée à la magie du Brésil."
Un art qui a parcouru le monde
Comme l’explique le maître capoeiriste, le gouvernement de l’Etat de São Paulo a créé la loi 4649 en 1985 et a institué le 3 Août comme Journée du Capoeiriste."le 3 Août tout comme l’année 2014, sont des dates très importantes." Cette "initiative purement brésilo-brésilienne" s’est étendue dans le monde entier "grâce à l’immigration brésilienne de plusieurs millions de personnes, créant ainsi une fête mondiale", poursuit Couro Seco. C’est une date qui lui tient à coeur et il est attaché historiquement à cet art martial. "J’ai commencé la Capoeira à l’âge de 5 ans avec mon père, Mestre Pelé da Bomba, aujourd’hui âgé de 89 ans et toujours président de l’Association Brésilienne de Capoeira Angola, la première association de Capoeira Angola fondée au Brésil", confie-t-il.
Même si cet art est assez bien connu à travers le monde, il n’y a pas de fédération. "Il reste ainsi difficile de le faire évoluer. La Journée Mondiale du Capoeirista et l’inscription à l’Unesco amène ainsi une reconnaissance internationale de notre discipline. Aujourd’hui cet art martial culturel afro-brésilien à parcouru le monde entier", nuance Couro Seco.
La capoeira et le moring : de (très) proches cousines
Par ailleurs, il faut souligner que la Capoeira est une très proche cousine du moring.
Elle sont toutes les deux d’origine africaine, arrivées et/ou développées à la Réunion et au Brésil par les esclaves transportés par les colonisateurs français et portugais. Si toutes les deux se pratiquent de façon encerclée et rythmée par des percussions, "on observe des différences sur la partie musicale, avec les instruments notamment", nous fait-on remarquer.
" Dans la Capoeira Angola par exemple, il faut toujours trois berimbaus, deux pandeiros, un reco-reco, un agogô et un atabaque, alors que dans le Moring, les instruments utilisés sont le djembé et le doum doum… La Capoeira se pratique accompagnée de chants en portugais" et lors des ronds de Moring auxquels le maître Capoeriste a pu se rendre "les percussions n’étaient pas accompagnés de chants en créole. Cependant, certains mouvements d’attaques que j’ai pu observer de guerriers moringuers sont des mouvements qui existent dans la Capoeira". "La différence étant le nom des mouvements ou des acrobaties. Le mouvement de base de la Capoeira, appelé la ginga, n’existe pas dans le Moring, le mouvement de base étant différent du Moring."
"D’un point de vue plus personnel, j’ai pu constater de belles énergies ainsi qu’un lien très fort à l’ancestralité lors des ronds de Moring auxquels j’ai pu me rendre". "Il y a vraiment pour moi des similitudes avec la Capoeira, c’est pour ces raisons que je considère le Moring comme un parent proche de ma discipline. Aujourd’hui j’ai la chance de vivre à la Réunion, une île riche de par sa culture et son histoire. Je rencontre occasionnellement des moringuers de différentes écoles de Moring et je suis vraiment enchanté de pouvoir partager avec eux histoires, expériences et témoignages sur le Moring et la Capoeira", souligne le brésilien.
"L’émergence de cet art martial a été menée par les esclaves comme une forme de résistance à l’oppression de leurs maîtres et de préservation de leurs identités culturelles. Aujourd’hui, la Capoeira, c’est toute la force de l’Afrique mélangée à la magie du Brésil", raconte Couro Seco.
S’il ne vit officiellement que depuis un an à la Réunion, et participer depuis presque 15 ans à différents stages et festivals dans notre département, il a pu constater que la "Capoeira n’était que peu développée à la Réunion. Je ne connais malheureusement pas encore les raisons mais je sais que certains Maîtres et Contremaîtres de Capoeira sont passés à plusieurs reprises sur l’île, invités où par des groupes de Moring ou par certains capoeiristes, je pense notamment à Maître Camaleão, Maître Ary Reza Brava, Contremaître Fubuia et Contremaître Bizarro. Cependant, les groupes de Capoeira brésilienne représentés sur l’île depuis d’ores et déjà un certain nombres d’années sont les groupes Gingando Sempre Réunion, représenté par Professor Tatu Baiano à Saint-Denis, (élève de Maître Tamarindo) et le groupe Arte Negra Réunion représenté par Monitor Neguinho à Saint-Gilles (élève de Contremaître Cacique)."
Par ailleurs, il propose très régulièrement des initiations sur différentes communes ainsi que des cours et des stages aux enfants et adultes dans le Sud et dans l’Ouest. "J’interviens aussi au sein de différentes écoles, auprès d’institutions médico-psychologiques et occasionnellement à des manifestations culturelles". Il a aussi organisé le 1er Festival de Capoeira Angola à la Réunion en novembre dernier et a pu inviter à cette occasion, un maître de Capoeira Angola renommé, Maître Marcelo Angola du groupe Angoleiros do Mar.
" J’ai le devoir aujourd’hui en tant que maître de Capoeira Angola à la Réunion de transmettre l’expérience et l’histoire que me transmettent les moringuers, aux capoeiristes mais également aux brésiliens lors de mes retours au Brésil. Trop peu de gens connaissent cette discipline qui puise aussi ses racines et son origine en Afrique", vient conclure notre interlocuteur.