Le député demande à ce que les gardes à vue démarrée lundi par les gendarmes à l’encontre de deux hommes soupçonnés d’avoir pris part à la dégradation des restaurants de plage.
Jean-Hugues Ratenon, député de La Réunion, diffuse une lettre ouverte suite aux heurts à l’Hermitage ce dimanche.
L’élu affirme que son soutien à la cause est lié à son souhait que le droit soit respecté. Il évoque une "incompréhension" et un sentiment d’injustice des manifestants.
Jean-Hugues Ratenon affirme que la mise en garde à vue des deux manifestants soupçonnés d’avoir pris part à la dégradation des restaurants de plage renforce le sentiment d’injustice. Il demande leur "libération".
Il demande aussi la mise en place d’une discussion avec l’Etat, la mairie, les entreprises concernées et le Collectif pour la défense du domaine maritime.
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Voici la lettre de Jean-Hugues Ratenon
Depuis le départ dans ce dossier, mon adhésion à la cause du Collectif pour la défense du domaine maritime a été acquise pour une seule raison : le respect du droit et rien que le droit.
Des constructions, quelles qu’elles soient, ne peuvent pas empiéter sur des espaces publics en violation de la Loi. Cela n’a fait que trop durer. Il faut arrêter « ek sa ».
Un jugement a été rendu par le Tribunal administratif le 16 mars dernier suspendant les autorisations d’occupations temporaires des 6 établissements de plage à l’Ermitage. 25 jours sont déjà passés et ni le Préfet, ni le maire de Saint Paul ne font respecter cette décision de justice.
D’où l’incompréhension du Collectif et d’une partie de l’opinion qui mettent en avant le fait que si c’était un citoyen lambda qui avait été condamné, la construction illégale aurait déjà été détruite à coups de bulldozer avec le concours des forces de l’ordre. Pourquoi cette différence de traitement ?
Un sentiment d’injustice renforcé par les mises en garde à vue de 2 manifestants de dimanche dernier. Quelques heures seulement ont suffi pour les identifier et les convoquer à la gendarmerie de St Paul. Alors que les propriétaires des paillotes illégales sont eux toujours en liberté et pas inquiétés par la justice.
Sur les débordements de dimanche dernier, on peut s’interroger aussi : les gendarmes étaient sur place dès le début de la manifestation, ils ont pu constater que la tension montait ; pourquoi alors n’ont-ils pas fait appel à des renforts ? Etait ce volontaire pour briser, entacher le mouvement de protestation ? Ou bien alors, est ce que la gendarmerie est en sous-effectif puisque nos militaires ont été envoyés à Mayotte ?
Dans ce cas, cela voudrait dire que s’il y a des gros problèmes à La Réunion : incendie, cyclone, inondation, violences urbaines… la sécurité des Réunionnais ne serait pas assurée ?
Enfin, ce sentiment de justice à 2 vitesses peut se renforcer à la suite des propos racistes traitant les Réunionnais de « bande de singes » colportés sur les réseaux sociaux et pour lesquels j’ai porté plainte lundi après midi à la gendarmerie de Bras Panon. L’auteur de ces écrits est facilement identifiable, pourquoi il n’y a pas de poursuites immédiates ?
Pour toutes ces raisons et afin d’éviter une amplification des sentiments d’injustice, de justice à 2 vitesses, de 2 poids 2 mesures, sur lesquels j’aurais l’occasion de revenir prochainement, je demande la libération des 2 manifestants en garde à vue actuellement.
J’appelle l’ensemble des Réunionnais au calme et je demande que s’ouvre rapidement une discussion entre le Préfet, la municipalité de St Paul, les salariés des paillotes illégales et le Collectif pour la défense du domaine maritime afin qu’une solution acceptable par tous soit trouvée.