Le secteur de l’artisanat subit de plein fouet les effets conjugués des crise économique mondiale et politique. En effet, l’éternelle crise politique malgache pénalise dangereusement l’industrie du tourisme, et avec elle toutes les activités connexes : hôtellerie, restauration, transport... La crise n’épargne personne. Quasiment tous les indicateurs économiques sont en berne. Depuis des mois, les artisans ou marchands de produits artisanaux semblent impuissants face à la dégringolade de leurs recettes.
Depuis l’avènement de la crise, les touristes se font rares, en particulier à Antananarivo. Parmi les rares qui choisissent encore la destination Madagascar préfèrent passer leur séjour dans les villes côtières. Ce qui n’est pas sans conséquence sur les activités des artisans.
" Mes affaires fonctionnent essentiellement grâce aux touristes étrangers. Sans eux, mon activité est vouée à disparaître", raconte Sitraka, un vendeur de la vannerie et du textile qui tient un stand parmi les centaines implantés sur la route Digue, dans la périphérie de la capitale malgache.
Certes, la demande locale ne représente qu’une infime partie des chiffres d’affaires réalisés par les artisans. Les Malgaches ont généralement des préoccupations plus pressantes et vitales que d’acheter des produits artisanaux.
Herimisa, artisan créateur, spécialiste de la sculpture sur bois, fait, lui aussi, un amer constat de la conjoncture économique de son pays. " A l’allure où vont les choses, bientôt, je ne pourrais plus vivre de mon art !", estime-t-il.
Avant la crise, la filière artisanat figurait parmi les plus porteuses. En 2008, par exemple, dans la région Analamanga (au centre de Madagascar), sur les 2 500 tonnes de fibres végétales transformées, la valeur ajoutée créée par environ 5 700 artisans atteignait les 504 millions d’Ariary par an (environ 19 millions d’euros). Sur l’échelle nationale, la quantité de la matière première transformée (toutes fibres végétales confondues) s’élève à environ 6 000 tonnes.
Pour ce qui est de la commercialisation, les produits artisanaux malgaches sont principalement dédiés à l’export et écoulés sur les marchés européens où les produits phares comme des sacs de type cabas, sont vendus en moyenne 12 à 15 euros l’unité.