Le ministre de la Justice Michel Mercier "n’a pas l’intention de dire oui" à l’accueil de l’ex-femme et complice du pédophile Marc Dutroux sur le territoire français, si la Belgique venait à lui soumettre une telle demande.
"Je n’ai pas l’intention de dire oui", a fait savoir à la presse Michel Mercier ce mercredi 11 mai. En clair, il est hors de question d’accepter l’hébergement de Michelle Martin dans un couvent français tel que le prévoit un plan de réinsertion proposé par la justice belge.
"Nous n’avons pas été saisis par la Belgique, si c’est le cas nous appliquerons la convention qui lie la Belgique à la France, on regardera les choses ", a expliqué le Garde des Sceaux, qui fait référence à la Convention européenne de 1964 relative à la surveillance des personnes condamnées ou libérées sous condition. Si Paris refuse de donner une suite positive à son dossier, Michelle Martin doit rester en prison en attendant de trouver un autre pays d’accueil et reformuler une nouvelle demande de libération conditionnelle.
Certes, la convention européenne prévoit que les Etats de l’UE s’aident mutuellement pour le reclassement social des délinquants sortant de prison. Néanmoins, l’article 7 stipule qu’un pays peut refuser s’il estime que la procédure risque de " porter atteinte à sa souveraineté, à sa sécurité, aux principes fondamentaux de son ordre juridique ou à d’autres de ses intérêts essentiels ". Le ministère de la Justice pourrait mettre en avant cette disposition pour empêcher Michelle Martin de s’installer en France, et ce, même si un couvent français a déjà accepté de l’accueillir.
Arrêtée en août 1996, Michelle Martin vient d’obtenir la remise en liberté conditionnelle, après avoir passé près de 15 ans en prison. En 2004, elle avait été reconnue coupable d’avoir séquestré plusieurs victimes de son ex-mari pédophile Marc Dutroux et d’avoir laissé mourir de faim les deux plus jeunes d’entre elles, Julie Lejeune et Melissa Russo, âgées de 8 ans, emmurées vivantes dans un cachot aménagé par le couple dans leur maison de Marcinelle, près de Charleroi.
Invité aujourd’hui sur Europe 1, Pol Marchal, le père d’Anne, une des victimes de Dutroux, a demandé aux autorités françaises de refuser la demande de Michelle Martin. " Je demande à genoux de ne pas accepter la demande du monstre qui a été un monstre pour ma fille et pour cinq autres filles. C’est une psychopathe. J’espère que la France ne va pas accepter cela ", déclare-t-il.