François Simard, biologiste travaillant dans une institution internationale, estime que la réserve marine n’a pas de lien direct avec la recrudescence des attaques de requins.
Trois attaques mortelles de requins en 18 mois à la Réunion. La recrudescence de ces drames inquiète et suscite la polémique. Le 5 août dernier, une nouvelle attaque de requin se produit au large de Saint-Leu. Fabien Bujon, surfeur expérimenté frôle la mort.
Ce nouvel accident déchaîne les passions. La réserve marine est une nouvelle fois pointée du doigt par les surfeurs et les pêcheurs. Plusieurs maires, tels que le député maire Thierry Robert, se prononcent clairement pour une redéfinition du périmètre de la réserve naturelle marine, qu’ils accusent de contribuer à la présence de squales à proximité du rivage. De nombreux pratiquants de sports de glisse et de nombreux pêcheurs considèrent comme absurde la mise en place d’une réserve au beau milieu d’une station balnéaire.
La réserve Marine est-elle responsable de la multiplication des attaques de requins ces derniers mois au large des côtes réunionnaises ? Pour en savoir plus, nous avons interrogé un biologiste, travaillant dans une institution internationale.
François Simard est directeur adjoint du programme global marin et polaire de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pour lui, avoir une réserve marine près de zones touristiques n’a rien d’exceptionnel, ni d’anormal.
"Il me semble qu’avoir une réserve marine à côté d’une station balnéaire ce n’est pas du tout une surprise (...) avoir une aire marine protégée qui permettrait d’avoir une faune et une flore mieux conservée près d’une zone touristique me parait totalement justifié", explique t-il.
Contrairement à ce qu’affirment certains surfeurs, la Réunion ne serait pas d’ailleurs pas une exception à ce niveau-là. "En Australie par exemple, c’est là qu’il y a la plus ancienne réserve marine protégée près d’une barrière de corail, elle fait plusieurs milliers de kilomètres de long, il y a des parties où on a pas le droit d’aller, d’autres où on peut faire certaines activités nautiques", poursuit le spécialiste.
Selon lui, les requins ont toujours été présents dans la zone. "Le danger requin il existe depuis toujours, il existe parce que c’est un animal qui fréquente cette zone.", précise t-il. Les prélèvements décidés par la préfecture suite à la dernière attaque, officiellement destinés à évaluer le risque de contamination par la toxine ciguatera, ne présentent pas de réel intérêt de son point de vue. "On peut toujours prélever des requins pour les analyser, je ne vois pas trop ce qu’on va analyser et prélever des requins pour qu’il y en ait moins c’est complètement illusoire, cela n’a aucun sens, on ne va pas détruire l’écosystème pour pratiquer des activités de loisirs ", estime t-il.
A de nombreuses reprises, la réserve marine a été présentée comme "un garde-manger" pour les requins. Une position notamment défendue par le député maire Thierry Robert. Est ce que cette nomination se justifie ? "Je ne vois pas le lien entre les deux, les requins ont leurs habitudes alimentaires et comportementales qui ne sont pas liées aux réserves, mais en effet la réserve peut avoir eu pour effet de se faire développer la faune c’est d’ailleurs son objectif", conclut François Simard.