Plus de 80% des médecins sont en grève illimitée depuis lundi sur tout le département de Mayotte pour dénoncer le désert médical. Des médecins ont été réquisitionnés à Mamoudzou pour assurer un service minimum.
Confrontés à des difficultés croissantes liées au phénomène de désert médical à Mayotte, les médecins libéraux, accompagnés de leurs collègues hospitaliers, ont entamé lundi 30 septembre une grève illimitée.
Le mouvement a été suivi à 80% au Centre hospitalier de Mayotte (CHM), situé à Mamoudzou, où des médecins ont été réquisitionnés pour assurer un service minimum notamment aux urgences.
Une trentaine de médecins libéraux ont participé activement à la grève, selon le docteur Gérard Javaudin, vice-président du syndicat des praticiens hospitaliers. Concrètement, 95% des 22 généralistes et 7 spécialistes officiant dans le secteur libéral ont cessé le travail, comme prévu.
Les médecins dénoncent le manque d’effectifs qui les empêche depuis plusieurs mois d’exercer comme il se doit leur métier. "Nous alertons les pouvoirs publics depuis 18 mois sur le manque chronique des médecins libéraux et rien n’est fait pour résoudre ce problème", a expliqué le docteur Abdeli Ouadah, du Syndicat des médecins libéraux (SML).
A Mayotte, le désert médical a atteint un niveau effarant, comparé à la situation des autres départements. "La Lozère est considérée comme un désert médical avec grosso modo 50 médecins pour 70 000 habitants. On compte 30 médecins pour 212 000 habitants recensés et quand on sait que Mayotte frôle les 300 000 habitants plutôt que les 200 000, on se dit c’est plus qu’un désert", déplore Dr Ouadah.
Si aucune mesure n’est prise pour remédier à cette problématique de désert médial, "la médecine libérale sera bientôt morte à Mayotte", prédit le praticien dans des propos rapportés par Le Parisien. "Les médecins partent les uns derrière les autres. S’il n’y a pas de remplaçants d’ici 2 ans ou 3 ans maximum, la médecine libérale sera morte à Mayotte ".
L’Agence régionale de santé (ARS) confirme la difficulté rencontrée par Mayotte, qui n’attire pas beaucoup de médecins pour soigner ses malades, dont la plupart sont des migrants venus essentiellement des îles voisines. "Le secteur libéral est frappé par de nombreux départs non remplacés : 12 départs en 2012 contre 4 installations, et d’ici la fin de l’année, 4 nouveaux départs sont escomptés contre 2 installations", reconnaît Marie-Hélène Lecenne, directrice de la délégation de l’ARS.
Alors que les médecins plient bagages, les cabinets de Mayotte sont submergés et les files d’attente s’allongent et parfois même commencent dès 5h30 du matin, d’après le syndicaliste Abdeli Ouadah. Les médecins grévistes poursuivent leur mouvement d’humeur en attendant une réaction éventuelle du ministère de la Santé pour améliorer leur situation.