A Madagascar, la filière crabe est confrontée à un taux de mortalité post-capture élevé. Un phénomène inquiétant selon les responsables publics locaux et leurs partenaires techniques et financiers.
La quantité des crabes morts après la capture reste élevée à Madagascar, qui fait face à un taux de mortalité atteignant jusqu’à 22 %, selon une récente étude menée par le programme SmartFish. Devant ce phénomène inquiétant, les responsables publics locaux et leurs partenaires techniques et financiers travaillent conjointement pour mettre en place « des mesures visant à réduire ce taux à 15% d’ici deux ou trois ans », rapporte L’Express de Madagascar. L’objectif est d’enrayer les risques auxquels sont exposés ces crustacés hautement périssables pour qu’ils ne meurent pas avant d’arriver sur le marché.
Les efforts consisteront notamment à améliorer le stockage des crabes et à moderniser le matériel d’entretien utilisé par les pêcheurs. Toutefois, de telles améliorations ne nécessiteront pas d’énormes investissements afin d’aider ces professionnels à pérenniser et à rentabiliser leurs activités.
« Afin d’atteindre cet objectif, nous avons mis en œuvre des projets qui requièrent des petits fonds et facile à faire qui ne dépassent pas en moyenne 100 dollars. Les pêcheurs peuvent ainsi assurer la continuité des actions lorsque le programme Smart Fish prendra fin. La construction de caisse, de hangar pour améliorer le stockage et l’entretien figure parmi les dispositions prises », explique Zbigniew Kasprzky, expert auprès de la FAO, ce jeudi 22 août, lors d’une conférence de presse à Antsakaviro, Tananarive. Malgré ce taux de mortalité post-capture élevé, « la situation est encore bonne. Nous avons encore le temps de gérer la filière », rassure le scientifique.
Pour autant, une autre menace pèse sur la filière crabe : la déforestation intensive des mangroves, conjuguée aux effets du changement climatique. « Entre 1985 et 2011, les mangroves ont perdu 60% de leur superficie », révèle Midi Madagascar, qui évoque un danger pour les ressources halieutiques, dont les crabes Scylla Serrata ou crabes des mangroves.
Ces espèces de crabes demeurent néanmoins sous-exploitées avec une production annuelle estimée à 2 500 tonnes par an, alors qu’avec ses 325 000 hectares de mangroves, le potentiel de pêche de la Grande île peut atteindre entre 7 500 à 8 000 tonnes par an.
« La filière crabe est encore sous-exploitée. La potentialité du pays s’élève à 7 500 tonnes par an, or la production ne s’établit qu’à 2 500 tonnes depuis les trois dernières années. L’augmentation de la production ne devrait pas toujours passer par une croissance de la pêche, mais aussi par la réduction du taux de mortalité », déclare à L’Express de Madagascar Tantely Razafindrajery, directeur de la pêche.
Outre la réduction du taux de mortalité des crabes, la protection des forêts de mangroves doit primer pour améliorer la production de crabes et contribuer à l’augmentation des recettes du pays et du revenu des pêcheurs.
« La conservation de cet écosystème transitoire entre les milieux marins et terrestre a plusieurs utilités : environnementales, mais aussi économiques et sociales. En effet, les communautés riveraines vivent des ressources puisées au cœur de ces forêts de mangroves et la disparition de ces dernières revient à mettre en danger toute une filière et toute une région », affirme Rémi Ratsimbazafy, leader éco-régional marin de WWF.