Le haut dirigeant malgache défend sa candidature à la présidentielle sur le principe de non-exclusion. Dans le pays, d’autres voix pointent du doigt la Cour Electorale Spéciale concernant ce dossier.
« Depuis le début de la crise, combien de fois on a entendu le mot inclusion ? Maintenant, on parle d’exclusion ? », s’est interrogé le n°1 de la transition devant la presse lundi. Lui de rappeler que c’est la feuille de route qui a voulu la mise en place de la Cour électorale spéciale et non le peuple malgache. « Puisque nous avons choisi la feuille de route, tout le monde, aussi bien les malgaches que la communauté internationale, devrait s’y conformer », a-t-il estimé.
A l’entendre, le locataire d’Ambotsirohitra n’a que trop suivi les décisions prises au-delà du territoire national. Mais se disant un fervent « démocrate », il s’est toujours montré flexible, du moment jusqu’à hier.
« J’ai toujours demandé la tenue des élections le plus tôt possible. La Cenit et les nations Unies ont avancé la date du 8 mai et j’ai accepté. Lorsqu’ils ont annoncé le report pour le 24 juillet, j’ai également accepté », a-t-il rappelé.
Ainsi, toujours selon ses propres termes, « lorsque la CES a publié la liste des candidats à la présidentielle, je n’ai non plus fait la moindre objection ».
Andry Rajoelina de conclure que « pour l’apaisement, tout le monde devrait pouvoir participer. Il incombe à la population de désigner celui ou celle qui va se trouver à la tête du pays, les acteurs politiques ayant déjà longuement occupé le devant de la scène politique ».
Avec cette déclaration, le leader malgache affirme de jour en jour sa détermination à faire sortir le pays de cette crise qui le mine depuis 2009 par la voie d’une élection crédible.
Alors que les politiciens locaux s’arrachent encore le micro pour interpréter à leur manière cette déclaration de la SADC invitant Lalao Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Andry Rajoelina à retirer leur candidature, d’autres voix se sont levées pour fustiger encore une fois la Cour électorale spéciale, à l’origine de la validation du dossier de ces candidats.
Actuellement, une pétition circule auprès des citoyens malgaches, résidant ou non sur le territoire national, pour réclamer la dissolution de la CES, selon le quotidien Midi Madagascar. Il s’agit d’une initiative du Collectif des Citoyens et d’organisations citoyenne CCOC qui estime que «
la confiance ne peut être accordée à la CES actuelle qui a démontré son manque de neutralité en validant un dossier déposé au-delà du délai légal », évoquant le cas d’Andry Rajoelina dont le dossier aurait été déposé dans la matinée du 3 mai, soit quelques heures seulement avant que l’organe n’officialise la listes des candidatures retenues, selon de source indiscrète.
« Les neuf juges électoraux, censés appliquer strictement la loi, ont cédé aux pressions, donc, ils pourront aussi manipuler les résultats des élections et gérer de manière partiel les éventuels litiges qui pourront s’en suivre », rajoute encore le CCOC qui indique avoir déjà récolté des signatures de Malgaches établis en Suisse et en France.
De son côté, la primature locale a aussi remis en question l’intégrité de la CES bien qu’elle n’a pas demandé ouvertement à ce que cet organe soit dissout. Dans son édition mensuelle intitulée Akon’i Mahazoarivo ou Les Echos de la primature, l’équipe du premier ministre Jean Omer Beriziky décortique un à un le cas des 4 candidats à la présidentielle dont le dossier suscite des polémiques.
Dans ses écrits, la primature retient les arguments avancés par les membres de la Cour concernant le cas de Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka, qui « ont versés dans leur dossier respectif, que leur absence sur le territoire malgache résulte de faits et circonstances indépendantes de leur volonté, les empêchant de jouir de leur droit fondamental de rentrer dans leur pays natal, quand bien même, ils ont maintes fois manifesté expressément leur désir et volonté de retourner à Madagascar ».
Mais pour le cas d’Andry Rajoelina, la primature ne peut s’empêcher de poser la question : « comment la CES ose-t-elle affirmer que M. Andry Nirina RAJOELINA ‘remplit toutes les conditions d’éligibilité exigées par les lois et règlements en vigueur pour pouvoir se porter candidat à l’élection présidentielle‘, alors que le délai prévu par le décret n° 2013-154 est un délai préalablement fixé, c’est-à-dire, non susceptible de suspension ou d’interruption ? ».
Aux principaux intéressés de répondre à travers un communiqué que dans leur décision de valider la candidature des 41 candidats, entre autres celle du haut dirigeant actuel, ils ont « priorisé les principes fondamentaux du droit du peuple, toujours laissé pour compte, et qui n’a jamais eu son mot à dire durant cette crise persistante de choisir librement celui ou celle à qui il veut confier la destinée de son pays ».