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Face aux difficultés d’obtenir des décomptes fiables, deux médias indépendants russes ont révélé une nouvelle estimation sur le nombre de soldats russes décédés en Ukraine.
Un an après le début du conflit, un grand flou règne sur le nombre de militaires qui ont péri en Ukraine, souligne TF1. Deux médias indépendants russes ont livré leur propre estimation et ont révélé que 40 000 à 55 000 soldats russes ont perdu la vie entre février 2022 et fin mai 2023. Pour avoir ces chiffres, les journalistes des sites Meduza et Mediazona ont expliqué avoir été accompagnés dans leur travail par un statisticien de l’université de Tubingen (Allemagne), Dmitry Kobak.
Le fait d’évoquer le nombre de décès de soldats est un sujet épineux en Russie et les journalistes le reconnaissent. En effet, "un décret présidentiel classifie les informations sur les victimes", tandis que "les services de police appliquent le décret exécutif en poursuivant les personnes pour avoir révélé sur les réseaux sociaux la mort de soldats russes en Ukraine".
Depuis le 21 septembre 2022, les responsables n’ont pas abordé le sujet lorsqu’ils ont affirmé que seuls 5 937 soldats russes ont été tués . Pourtant, selon eux, le ministère de la Défense dispose sans aucun doute de données précises sur ses propres pertes.
Afin de proposer une estimation, les auteurs se sont basés sur les rapports existants portant sur les nécrologies publiées, les données de mortalité du Service fédéral des statistiques de l’Etat et les nombreux dossiers du Registre national des successions. Ils ont ainsi abouti à cette fourchette de "40 000 à 55 000 hommes russes de moins de 50 ans morts en combattant en Ukraine".
Meduza et Mediazona ont précisé que s’ils ont inclus le nombre d’hommes gravement blessés qui n’ont pas repris leur place dans l’armée, le nombre total de victimes russes avoisinerait "au moins les 125 000 soldats".
Les deux médias ont pointé par ailleurs des "problèmes de comptage des soldats russes portés disparus au combat". En effet, "contrairement à l’Ukraine, la Russie n’a pas de registre public des soldats disparus". Ainsi, de nombreux combattants russes tués dont les corps n’ont jamais été retrouvés et/ou transférés chez eux, n’apparaissent que récemment dans les statistiques publiques de mortalité. Pour ces hommes, il n’y a pas de certificats de décès et ils ne sont pas enregistrés dans les données de Rosstat. De plus, ils ne laissent aucune trace dans les registres d’homologation.
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