Un Pakistanais de 28 ans, arrêté lundi à l’ambassade américaine à Santiago après détection sur lui de résidus d’un dérivé du TNT, a été inculpé samedi de possession illégale d’explosifs, mais pas d’infraction à la législation antiterroriste, et remis en liberté.
SANTIAGO (AFP) - Un Pakistanais de 28 ans, arrêté lundi à l’ambassade américaine à Santiago après détection sur lui de résidus d’un dérivé du TNT, a été inculpé samedi de possession illégale d’explosifs, mais pas d’infraction à la législation antiterroriste, et remis en liberté.
Mauhannas Saif ur Rehnab, qui était en garde à vue depuis cinq jours en vertu de la loi antiterroriste, a été libéré "en attendant la suite de l’enquête, mais sous contrôle judiciaire tous les 15 jours et interdiction de quitter le pays", a précisé une source judiciaire à l’AFP.
"Il a été inculpé de possession illégale d’explosifs mais pas d’infraction à la législation anti-terroriste", a indiqué à l’AFP une source judiciaire.
L’audience à huis clos était motivée par un recours pour sa mise en liberté, déposée par l’organe chilien de défense des droits des détenus, le Defensoria Penal Publica.
Rehnab, un diplômé en informatique, au Chili depuis janvier et stagiaire réceptionniste dans un hôtel de Santiago, avait été arrêté lundi à l’ambassade américaine, où il avait été convié pour une démarche consulaire.
La sécurité de l’ambassade avait détecté sur ses mains, son téléphone portable, ses documents, des traces d’un explosif dérivé du TNT, diagnostic confirmé par la police chilienne.
Le jeune homme a nié une quelconque connexion terroriste et dit tout ignorer de la provenance des traces d’explosif.
Le procureur Xavier Armendariz, a indiqué samedi que cette substance avait été découverte sur Rehnab et à son domicile, et qu’il était en conséquence inculpé au titre de la Législation sur les Armes. "L’enquête est ouverte et continue", a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Intérieur Rodrigo Hinzpeter a exprimé son déplaisir à la remise en liberté, et espéré que le parquet fera appel.
"Il nous aurait souhaitable que cette personne reste en détention préventive", a-t-il déclaré. "Nous croyons que les restrictions au territoire national et le contrôle judiciaire sont insuffisants".
L’arrestation de Rehnab survenait une semaine après celle à New York d’un Pakistanais naturalisé américain, Faisal Shahzad, soupçonné d’être l’auteur de l’attentat raté à la voiture piégée du 1er mai à Times Square.
"Viva Chile !", a lancé Rehnab samedi soir à sa sortie de prison, sans plus de commentaires.
Le jeune homme avait accusé les Etats-Unis d’être responsable de son arrestation "à cause de ce qui se passe en Irak et en Afghanistan".
Son sort a suscité un début de polémique au Chili : l’opposition de gauche s’est émue d’une dérive vers des détentions sans charge pour lien terroriste présumé, et l’ambassadeur du Pakistan a mis en doute la solidité du dossier.
L’inculpation a minima, pour infraction à la Loi sur les armes mais sans référence à la loi antiterroriste invoquée initialement par le parquet, suggère que celui-ci peine après cinq jours d’enquête à amasser des indices à charge, sans pour autant que s’éclaircisse l’origine des traces d’explosifs.
L’avocat de Rehnab, Gabriel Carrion, a affirmé que ces résidus sont à sa connaissance"minimes", et pourraient être liés à une pollution.
La justice a sollicité une autorisation formelle du gouvernement américain, pour interroger dans les jours à venir du personnel de l’ambassade présent lors de l’arrestation.
Les parents de Rehnab, originaire d’Islamabad et issu d’un milieu assez aisé, devraient arriver lundi au Chili, a annoncé le député d’opposition socialiste Alejandro Navarro, qui a mobilisé autour du cas Renhab, et dit avoir obtenu de Hinzpeter des garanties pour un visa pour la famille.