Cette nuit, les deux bateaux assermentés par l’Etat pour mener à bien l’opération CHARC (Connaissance de l’Habitat et de l’Ecologie des requins côtiers de la Réunion), ont effectué leur troisième sortie au large de Saint-Gilles. Un requin tigre de 3,50 mètres a été attrapé ce matin au large du Cap Lahoussaye, mais a cassé sa ligne avant d’être marqué.
Le bateau des scientifiques de l’IRD (Institut de Recherche et Développement) le Pistoulet et le bateau des pêcheurs le Wayan sont de nouveau partis en expédition au large de Saint-Gilles cette nuit. Sillonnant la zone s’étendant entre la Pointe de la Rivière des Galets et la Pointe des Trois bassins, les deux embarcations mandatées par l’Etat et la préfecture avaient pour objectif de marquer les squales sédentarisés aux abords de nos côtes. Après huit heures passées en mer, le bilan de cette troisième sortie est mitigé, puisqu’aucun requin n’a pu être balisé.
Pourtant, peu avant 10 heures, un requin tigre de 3,50 mètres a pu être ferré à 900 mètres du Cap Lahoussaye, mais au moment de procéder au marquage, le squale a cassé la ligne et s’est échappé. La pêche se fait à la palangre avec une centaine d’hameçon placés sur une ligne de 2 kilomètres. Si un requin a été marqué jeudi dernier, la technique gagne à être peaufinée. "On pourra progresser en améliorant la technologie de capture et gagner du temps en ce qui concerne les manipulations pour le marquage", explique Gerry Van Grevelynghe, membre de l’association Squal’Idees et spécialiste des fonds marins. Les premières sorties se sont avérées car elles ont donné lieu à 3 captures.
"On progresse à chaque sortie donc cela va finir par porter ses fruits", souligne le scientifique. L’opération de marquage s’avère bien plus compliquée à réaliser qu’un prélèvement. Durant près d’une heure, elle doit se dérouler dans les meilleures conditions possibles pour que le requin ne meure pas ensuite du choc du marquage.
L’objectif est de placer deux balises sur l’animal : une balise externe placée sur l’aileron dorsal et une balise acoustique interne posée après une petite incision faite au niveau de l’abdomen. Des balises plus importantes qui seront installées à proximité des côtes enregistreront chacun des passages des squales marqués. Véritables mouchards, ces balises vont permettre de recueillir une quantité d’informations sur les déplacements et les habitudes des requins vivant au large des côtes réunionnaises.
Lancée après la dernière attaque mortelle de squales le 19 septembre dernier, qui a coûté la vie au jeune bodyboarder Mathieu Schiller, l’opération CHARC vise à collecter et analyser des données sur les requins côtiers et ainsi limiter le risque d’attaques. Les autorités misent beaucoup sur les résultats de ces études scientifiques pour prendre des mesures de prévention adaptées au territoire et au comportement des squales à la Réunion.