Illustration HOUPLINE RENARD/SIPA
Depuis le début de l’année, la Réunion connaît une recrudescence importante des cas de leptospirose. Parmi les malades, on retrouve des agriculteurs. On compte près de 63 cas qui ont déclaré une profession en lien avec l’agriculture.
La leptsoprise, ou plus communément appelée la maladie des rats, sévit actuellement sur l’île.
Aussi bien le marmaille qui joue dans les bassins que les gramounes qui arrosent la cour le matin, personne n’est épargné par le risque de contracter la maladie.
Les personnes qui excercent une profession en lien avec l’agriculture sont particulièrement exposées. Comme l’explique Elsa Balleydier, épidémiologiste chez Santé Publique France, "les données de l’ARS indiquent que dans un cas sur trois la profession déclarée par les cas de leptospirose à La Réunion en 2024, est une profession en lien avec l’agriculture (agriculteur, maraicher, aide ou ouvrier agricole...)".
D’après les chiffres de Santé Publique France, La Réunion enregistre 220 cas depuis le début de l’année ( entre le 01/01/2022 au 15/05/2024). Une tendance à la baisse semble se dessiner après 3 mois de niveau élevé, sous réserve de consolidation des données.
Au bilan du 3 mai, 204 cas étaient déclarés à l’ARS. La leptospirose est qualifiée d’épidémie saisonnière d’ampleur inédite.
Parmi les 192 cas pour lesquels la profession était renseignée, 63 cas ont déclaré une profession en lien avec l’agriculture, précise Elsa Balleydier.
Mais la maladie, tue aussi.
"Depuis le début de l’année, 1 décès a été identifié comme directement lié à la leptospirose. 2 autres décès sont toujours en cours d’analyse, dont 1 concerne un agriculteur. Un comité d’investigation a été mis en place pour déterminer l’imputabilité de ces deux décès à la leptospirose", ajoute l’épidémiologiste.
Une prise de conscience collective nécessaire
La présence des rats est de plus en plus fréquente dans les champs. "On les retrouve dans les tanières, parfois on en attrape 40 à 50 par champs. En 2023, j’ai tué 200 rats grâce à des pièges. Avec l’érosion c’est partout qu’on est concerné par l’invasion de rats", déclare Dominique Clain, président du syndicat UPNA, qui a déjà contracté la maladie il y a 5 ans. Avec des champs, des exploitations abandonnées ou encore le manque d’entretien, les rats sont attirés par la végétation.
Traiter, dératiser les exploitations cela a un coût pour la filière. "On voit se multiplier la distribution de cartons de GDON (le Groupement de défense contre les organismes nuisibles, par exemple) ", explique Dominique Clain. Tout comme lui, Guillaume Sellier, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs soutient qu’il faut "que tout le monde travaille ensemble pour apporter des aides, avec une lutte plus collective ".
"On se pose la question sur la lutte, est-ce qu’elle est encore efficace aujourd’hui ? Auparavant les produits l’étaient et maintenant avec l’interdiction de certaines substances pour la protection d’autres espèces, les raticides sont moins efficaces", poursuit Guillaume Sellier.
Face aux chiffres, les agriculteurs sont "plutôt vulnérables, c’est pour ça qu’il faut travailler ensemble avec les collectivités que tout le monde joue le jeu, c’est un vrai fléau et ça aussi un impact pour la population. Il faut une prise de conscience collective" .
Le président des Jeunes Agriculteurs tient malgré tout à nuancer que les personnes ne sont pas freinées par la leptospirose lorsqu’ils veulent se lancer.
La prévention avant tout
Face à la recrudescence des cas, l’ARS de La Réunion et Santé publique France conseillent aux agriculteurs d’être vigilants sur le port des équipements de protection individuelle (gants, bottes ou chaussures fermées, lunettes…). Un lavage régulier des mains est recommandé. "Un vaccin contre la leptospirose existe. Il est réservé à certaines catégories professionnelles à risque ou les personnes pratiquant régulièrement des activités récréatives à risque, après une évaluation par un médecin. Cette vaccination vient en complément des mesures de prévention", ajoute l’Agence Régionale de Santé.