Mardi dernier, dans le quartier de Bellepierre, un demandeur d’asile sri-lankais armé s’était retranché dans les locaux de la Croix-Rouge. Ses 4 enfants et du personnel de l’association s’étaient retrouvés bloqués. Un important dispositif policier mobilisant les hommes du Raid avait permis son interpellation. Son procès a été reporté au 4 octobre.
En traversant l’océan Indien, à bord d’un bateau de pêche de fortune, un ressortissant sri-lankais avait le coeur rempli d’espoir. Trois ans plus tard, il ne repartira qu’avec une condamnation à son casier judiciaire français.
Craignant pour sa vie dans son pays d’origine, avec femme et enfants, il a choisi de rejoindre La Réunion en 2018. Notre île, département français, dans son esprit, devait lui offrir un refuge, un asile pour lui et les siens où ils auraient pu commencer à revivre. Il n’en sera rien.
Les avocats de la défense, Me Nacima Djafour et Yannick Mardenalom demandent une seconde expertise psychiatrique. Un premier expert parle d’une altération du discernement.
Le procès est renvoyé au 4 octobre. Le Sri-Lankais reste maintenu en détention.
Tous les recours pour leur demande d’asile ont été épuisés. Pire, comme le veut, la procédure, un arrêté préfectoral d’obligation de quitter le territoire est pris à l’encontre du père de famille, sa femme et leurs 4 enfants.
Depuis une dizaine de jours, la ressortissante sri-lankaise est aux urgences psychiatriques de Saint-Paul pour une crise suicidaire. Dans la même détresse psychologique et terrorisé à l’idée de rentrer dans son pays d’origine, le père de famille a, mardi dernier, été pris d’un coup de folie.
Mardi dernier, dans les locaux de la Croix-Rouge, le demandeur d’asile armé d’un couteau et dans un état second a tout détruit. Un cri de désespoir pour exprimer son incompréhension et son impuissance face à une décision qu’il juge sûrement injuste. Après avoir eu sa femme au téléphone, le père de famille n’a pas su retenir sa colère ce mardi. Armé d’une hache et d’un couteau, il a poursuivi et menacé des personnels de la Croix-Rouge qui s’étaient retranchés dans une pièce, avant de frapper la porte. Ensuite, il est monté au troisième étage dans l’appartement que lui prête la Croix-Rouge avec ses deux enfants. "Des faits graves" pour la procureure, qui à l’audience ce 3 septembre, demande son placement en détention provisoire.
Les hommes en noir du Raid ont dû intervenir. Le père de famille a finalement été interpellé.
"Mon client se retrouve dans une situation inextricable, qui ne voit pas de solution et personne ne peut lui apporter de solution, car le système ne lui permet pas d’avoir de solution pérenne. Il est désespéré et terrorisé à l’idée de rentrer dans son pays", précisait sur notre antenne Me Nacima Djafour.
À l’audience, le prévenu s’est peu exprimé. La présidente évoque le risque de persécutions pour des raisons religieuses et politiques en cas de retour dans son pays d’origine. En lui demandant, s’il craignait de rentrer chez lui, le prévenu, en regardant le sol, remue la tête de gauche à droite, pour signifier sa peur. Pour son avocate, Me Nacima Djafour qui demande une seconde expertise psychiatrique (la première ayant conclu à l’altération du discernement) , son client souffre d’un stress post-traumatique. "Devant la complexité du système, ses souffrances psychiques et sa détresse n’ont fait que s’aggraver", avance la robe noire. Son second avocat, Me Yannick Mardenalom parle de "violences institutionnelles"
En attendant son procès, le père de famille qui s’inquiète pour ses enfants, en raison l’hospitalisation de sa femme, sera maintenu en détention provisoire.