Saluée par les syndicats, contestée par le patronat, l’annonce de la fin des heures supplémentaires défiscalisées ne cesse de susciter des réactions dans notre département.
Le gouvernement socialiste en place a décidé de s’attaquer à une mesure phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy : les heures supplémentaires défiscalisées. Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie, tient à supprimer cette loi qui selon lui, a découragé l’emploi.
Un avis que ne partage pas Philippe Doki-Thonon, président de l’Union des métiers de l’industrie de l’hôtellerie. Il s’inquiète notamment des conséquences de cette réforme, "dans une entreprise qui, par exemple, fait 10 heures supplémentaires par semaine pour ses salariés, est-ce que ça justifie la création d’un emploi ? Moi, je n’en suis pas si sûr. Ce qui risque de se passer, c’est qu’il va y avoir une baisse des salaires. Il faudra prendre de toute manière les charges sociales des salariés, donc le salarié va payer 25% sur ces heures supplémentaires. Là je crois que ça pose problème".
Perte de pouvoir d’achat de salariés, augmentation du coût du travail, les détracteurs de la réforme ne manquent pas d’en souligner les conséquences. Selon la direction du Trésor Public, cela représente une perte mensuelle annuelle de 432 euros pour tout bénéficiaire d’heures supplémentaires.
Mais du côté des syndicats, la mesure est saluée. Pour Eric Marguerite, secrétaire général de Force Ouvrière Réunion, "si les entreprises sont amenées à demander à leurs salariés de faire des heures supplémentaires, c’est qu’il y a des possibilités d’embauche. Nous disons que s’il y a de l’embauche, embauchons. C’est une façon pour les patrons de ne pas procéder à des augmentations de salaire en payant en heures supplémentaires, quelque part, ils pensent que chacun y trouve son compte".
La réforme devrait être appliquée à compter du 1er août prochain. Elle rapporterait 980 millions d’euros cette année. La fin des heures supplémentaires exonérées de charges a été décidée par le gouvernement pour réaliser des économies et favoriser l’embauche. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OCDE), la défiscalisation des heures supplémentaires a détruit 30 000 emplois en 2011.