Trois mois après le passage de la tempête Xynthia sur la côte atlantique le 28 février, les premiers propriétaires ont accepté de quitter les zones sinistrées, tandis que les communes essaient d’effacer leurs cicatrices avant l’arrivée des touristes.
NANTES (AFP) - Trois mois après le passage de la tempête Xynthia sur la côte atlantique le 28 février, les premiers propriétaires ont accepté de quitter les zones sinistrées, tandis que les communes essaient d’effacer leurs cicatrices avant l’arrivée des touristes.
"Nous avons fait disparaître la quasi-totalité des traces de la tempête : la promenade de Port-neuf est en état, le port, plus rien n’y paraît. La ville est prête à recevoir tous ses visiteurs", a expliqué à l’AFP Maxime Bono, député-maire (PS) de La Rochelle.
A La Faute-sur-mer (Vendée), où 29 personnes ont trouvé la mort, plus rien aujourd’hui ne rappelle le drame si ce n’est le village fantôme qu’est devenu la zone de lotissements ravagée par les flots.
Les traces de la catastrophe y sont parfois même malvenues comme cette banderole installée par l’association des victimes des intempéries (AVIF) sur un rond point avec le nom des victimes.
"La mairie, arguant de quelques plaintes, a décidé de l’enlever moins de huit jours après la cérémonie, c’est scandaleux", s’insurge l’association. La reconstruction, elle, commence aussi à coûter cher aux communes.
"La ville a engagé 6,7 millions d’euros de travaux pour reconstruire les digues, refaire les promenades" mais "le total des dommages non assurables représente 18 millions d’euros que nous allons étaler sur trois exercices", explique M. Bono.
Si quatre millions d’euros de dégâts seront pris en charge par les assurances, "pour l’instant, on n’a rien reçu de l’Etat sinon des dossiers à remplir. Et on ne sait pas si on aura 5%, 20%, 50% des travaux, on ne sait rien du tout", note-t-il.
Tandis que les communes s’activent, des propriétaires s’apprêtent à quitter leur maison dans les "zones de solidarité" jugées désormais trop dangereuses pour accueillir des habitations.
Les premiers départs sont attendus en juin dans les deux départements, après la présentation des premières évaluations effectuées par les Domaines début mai.
Sur les 915 maisons concernées en Vendée, 823 propriétaires ont demandé un rendez-vous pour évaluer leurs maisons. "Sur les 85 propositions d’acquisition présentées, 20 ont été acceptées mais les propriétaires ont trois mois pour se décider", rappelle Franck Chaulet, sous-préfet.
En Charente-Maritime, sur les 619 propriétés concernées, 457 demandes d’évaluation ont été déposées, "77 propositions d’acquisition à l’amiable ont été envoyées, et 16 ont été acceptées", selon le préfet Henri Masse. Pour permettre les premières acquisitions à l’amiable, la préfecture de la Vendée a déjà reçu un acompte de l’Etat de 10 millions d’euros, et la Charente-Maritime 12 millions d’euros, ont indiqué les préfectures.
Mais les sinistrés qui souhaitent retrouver rapidement un bien dans la même commune se heurtent à de nouvelles difficultés en raison du manque parfois de terrains constructibles.
Ainsi, à Charon (Charente-Maritime), "200 sinistrés vont toucher leurs indemnités dans les jours qui viennent mais, pour l’instant, ils n’ont pas de logement. S’il n’y a rien de clair dans les jours qui viennent, ils vont aller investir ailleurs" qu’à Charron, assure Thierry Demaegdt, président de l’association des sinistrés "Reconstruire Charron".
La Vendée est de son côté confrontée à une situation insolite : "il y a énormément de dons (environ 1,5 million d’euros pour la Vendée) qui ont été collectés, et malheureusement il y a très peu de demandes" d’aide, s’étonne Franck Chaulet.