Laurent Fabius s’oppose à l’idée de suspendre les liaisons aériennes avec l’Afrique considérant que cela conduirait à des "transports sauvages".
Alors que les syndicats de stewards et d’hôtesses d’Air France ont approuvé vendredi la "fermeture de la desserte de Conakry" en Guinée, citant leur inquiétude d’un "risque grave de propagation de l’épidémie", Laurent Fabius a tenu à apaiser leurs angoisses. Le ministre français des Affaires étrangères, qui s’est exprimé depuis Pékin, a considéré que l’arrêt des liaisons aériennes avec les pays d’Afrique affectés par Ebola serait "une sottise énorme" qui entraînerait des "transports sauvages" dangereux cite 20 Minutes ce lundi.
Dans une information relayée par Le Point, M. Fabius a alerté contre ce "faux bon sens", optant au contraire pour une "contre-intuitive" de "contrôles draconiens". "Une réaction spontanée pourrait être de dire : là-bas, il y a une épidémie et donc il faut couper absolument tous les liens. Mais tous les spécialistes nous disent que, du point de vue même médical, ce serait une sottise énorme", a annoncé le chef de la diplomatie française. Ce dernier de rajouter que "s’il n’y a plus aucune possibilité [de prendre l’avion], les gens vont sortir du pays en contrebande - si j’ose dire -, ils iront prendre l’avion dans un autre pays et, s’ils sont porteurs du virus, personne ne les contrôlera".
"Il faut organiser très fortement la prévention et le contrôle", a insisté le ministre des Affaires étrangères, notamment après la mise en place en France des premiers contrôles de température de passagers en provenance de Conakry, capitale de la Guinée. Laurent Fabius et ses interlocuteurs chinois se sont largement penchés sur la question dimanche. La France et la Chine ont annoncé qu’ils renforceraient leur lutte contre l’épidémie dans la recherche ainsi que l’aide humanitaire et sanitaire.
On a appris des sources européennes que les 28 Etats membres de l’UE se focaliseront lundi sur un "état des lieux global" évaluant les moyens pour mieux répondre à l’appel à l’aide africain. "L’enjeu est de galvaniser l’action européenne", a précisé un diplomate européen. Les états veulent renforcer la coordination pour assurer un meilleur contrôle au niveau des points d’entrée en Europe suite à la contamination de l’aide-soignante espagnole. Cette mesure s’ajoute à l’envoi de personnel formé sur place.
Par ailleurs, le président américain Barack Obama s’est adressé à ses compatriotes en leur demandant de ne pas "céder à l’hystérie ou à la peur", et pour qu’ils ne soient pas tentés de limiter les liaisons avec l’Afrique de l’Ouest.