Pour tenter de mettre fin à la grève des services des urgences dans les hôpitaux, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a présenté son plan d’action lundi 9 septembre.
La grève secoue les urgences des hôpitaux depuis plus de six mois. Afin de mettre un terme à cette crise, Agnès Buzyn a dévoilé son plan d’action, intitulé "Pacte de refondation des urgences", lors d’une Assemblée générale avec les syndicats de médecins libéraux et le collectif Inter-Urgences lundi après-midi. Ce pacte est censé réformer les services d’urgences sur trois ans, pour un budget de 750 millions d’euros.
La mise en place dès la mi-2020 de services d’accès aux soins (SAS) dans les territoires est la mesure phare du plan d’action de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Accessible 24/24h, ce service informera et orientera les patients en fonction de leurs besoins. Chaque SAS disposera d’une "cartographie des structures disponibles à proximité" (cabinet médical ou paramédical, pharmacie de garde, urgences avec estimation du temps d’attente…) afin de faciliter l’estimation du délai d’attente pour les soins courants.
Les demandes pour les soins d’urgence seront par ailleurs centralisées sur une seule et même "plateforme accessible aussi bien par téléphone que par Internet", dont les pompiers seront exclus. Le service permettra aux personnes malades d’obtenir un conseil médical et paramédical, de prendre rendez-vous pour une consultation, d’être orientées vers un service d’urgence ou de recevoir une ambulance.
Le plan d’action du gouvernement prévoit aussi de systématiser le tiers payant dans le cadre des gardes libérales d’ici à la fin 2019. Les patients n’auront donc rien à débourser.
La pratique d’examens biologiques simples sera également possible dans les cabinets libéraux avec une aide au financement des équipements à compter de 2020.
Agnès Buzyn veut développer une offre de soins libérale sans rendez-vous dans les Communautés professionnelles territoriales de santé. Un soutien financier va être apporté et le ministère prévoit ainsi 100 CPTS mises en place d’ici fin 2019, 300 d’ici fin 2020 et 1000 d’ici 2022.
Les personnes appelant le SAMU pourront basculer vers un appel vidéo, afin que les médecins puissent mieux les orienter. "Les solutions existent déjà avec un portail Web qui permet aux médecins du SAMU de déclencher à distance la caméra du mobile d’un patient appelant, avec leur accord", selon la ministre.
Toutes les agences de santé devront s’assurer de la présence d’une maison médicale de garde (MMG) à proximité de tous les services d’urgence accueillant plus de 50 000 patients par an, où les médecins libéraux assureront une permanence de soins aux heures de fermeture des cabinets. Le gouvernement prévoit la mise en place d’une cinquantaine de structures.
Le cumul d’emplois sera désormais interdit dans le secteur public à compter de 2020. Et les hôpitaux seront invités à mettre en place des dispositifs de mutualisation des moyens humains afin d’éviter le recours à l’intérim. L’année prochaine, un "forfait de réorientation" des patients vers d’autres structures que les urgences hospitalières sera, par ailleurs, expérimenté dans une vingtaine d’hôpitaux.
Les incivilités, l’agressivité et la violence de certains patients devraient être mieux encadrées, car c’est l’un des motifs de contestation des soignants. Ces malades pourront être mis à l’écart afin d’assurer la sécurité du personnel de l’hôpital. Le chef de service peut en outre porter plainte et se constituer partie civile.
Agnès Buzyn prévoit de créer des équipes hospitalières chargées d’accueillir les personnes âgées, car ces dernières devraient être admises directement dans des services de soins. Son objectif est de réduire, voire éviter le passage de cette catégorie de personnes par les urgences d’ici cinq ans.
Des équipes mobiles de gériatrie seront par ailleurs mises en place, le dispositif d’astreinte d’infirmières de nuit mutualisées en Ehpad sera généralisé, afin d’éviter ce recours aux urgences.
Après les urgences, tout devra être fait pour pouvoir disposer de tous les lits libres dans l’hôpital, a affirmé Agnès Buzyn. Des "cellules de gestion interne des lits" seront par exemple mises en place pour y parvenir.
La sortie rapide des patients des urgences, y compris vers d’autres services, est encouragée.
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