La consommation excessive d’antibiotiques dans l’élevage en France représente un risque majeur pour l’animal mais aussi pour l’homme, en raison de la résistance toujours plus grande des bactéries, selon les professionnels de la santé.
PARIS (AFP) - La consommation excessive d’antibiotiques dans l’élevage en France représente un risque majeur pour l’animal mais aussi pour l’homme, en raison de la résistance toujours plus grande des bactéries, selon les professionnels de la santé.
"L’antibiotique est un médicament miracle car il a notamment permis de guérir les méningites tuberculeuses, il y a 60 ans, mais les tonnes d’antibiotiques utilisées font que les bactéries deviennent de plus en plus résistantes", a indiqué jeudi à Paris le professeur Antoine Andremont, directeur du laboratoire de bactériologie du groupe hospitalier Bichat-Claude Bernard.
"A partir des années 80, l’industrie pharmaceutique a arrêté de mettre sur le marché de nouveaux antibiotiques alors que la résistance des bactéries continuait à augmenter", a-t-il poursuivi.
La plupart des antibiotiques qui sont issus de micro-organismes et ont la propriété de tuer d’autres micro-organismes, notamment les bactéries infectieuses, doivent être moins utilisés pour les animaux d’élevage mais réservés aux personnes malades.
"Il faut garder l’activité des antibiotiques pour soigner les hommes malades", insiste Antoine Andremont.
Selon lui, ces 60 dernières années, il y a eu quelques centaines d’antibiotiques sur le marché, soit un ou deux millions de tonnes sur la planète.
Le succès des antibiotiques, qui sont peu toxiques, a poussé les vétérinaires et les éleveurs à les utiliser largement. La prescription d’antibiotiques en médecine humaine a baissé de 25% en 10 ans, grâce à des campagnes de santé publique, mais est stable en médecine vétérinaire, avec des antibiotiques de plus en plus puissants.
L’Union européenne estime à 25.000 le nombre de décès par an imputable au phénomène d’antibiorésistance, qui touche essentiellement les régions d’élevage intensif comme la Bretagne (porcs) ou la Sarthe (poulets).
Selon un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé (OPEPS) de 2006, la France détenait en 2003 le record en Europe du taux de résistance aux antibiotiques, soit 50 % pour la pénicilline et 28 % pour la méthicilline, utilisées respectivement contre le pneumocoque et le staphylocoque doré, qui constituent les principales bactéries à l’origine des infections nosocomiales.
Pour certains éleveurs, il faut recourir à des solutions naturelles pour augmenter la résistance des animaux aux infections.
"Je n’utilise pas les antibiotiques +préventifs+ mais je veille au bien-être de mes animaux à qui j’offre plus d’espace, une nourriture saine comme le lin", témoigne Christian Valette qui possède 300 bovins dans l’Aubrac (Massif central).
"Je ne soigne les animaux avec les antibiotiques que lorsqu’ils ont une grippe", dit-il.
Aujourd’hui, pour limiter la croissance de la résistance des bactéries, les pouvoirs publics réservent les nouveaux antibiotiques au milieu hospitalier, avant de les rendre éventuellement accessibles à la médecine de ville et/ou à l’utilisation vétérinaire.
Selon l’Afssa (agence française de sécurité sanitaire des aliments) en 2008, environ 1200 tonnes d’antibiotiques ont été vendus. Quatre familles de produits (tétracycline, sulfamides, pénicillines et macrolides) ont représenté plus du 80% du tonnage vendu.