Ce mardi 4 octobre marque la journée nationale des aveugles et des malvoyants. Pour l’occasion, Emelyne, la mère du petit Rubèn, 6 ans, a accepté de témoigner pour parler de la malvoyance du garçon.
Originaire de la Rivière-Saint-Louis, Emelyne est la mère de deux enfants en bas âge. L’aîné, Rubèn, est âgé de 6 ans et est atteint d’une déficience visuelle sévère et profonde.
Alors qu’il était âgé de 3 mois, c’est Emelyne qui remarque que son fils a des problèmes de vision. "Mi trouvé bizarre ke li té regarde pa mwin en face", dit-elle. Rubèns a une vision restreinte et floue. Un oeil est complètement aveugle et sa vue baisse au fil des années.
Du haut de ses 6 ans, le petit garçon a toujours vécu avec son handicap et n’y voit aucun inconvénient. D’ailleurs, il s’est récemment rendu compte de sa différence."Il a une petite soeur d’un an et demi qui a plus de facilités que lui à faire certaines choses", raconte Emelyne. Une différence qu’il n’a pas de difficulté à accepter, contrairement à ses parents. "Mon coeur i fé mal kan li joue à cache-cache par exemple, ke li arrive pas et ke les autres enfants i comprend pas, puisque son handicap lé invisible", ajoute Emelyne.
Rubèn est en classe de grande section, en UE (Unité d’enseignement), dans laquelle on lui apprend à se déplacer avec une canne ou à écrire et lire le braille. Comme tout enfant, il joue dans la cour, mais il se blesse plus facilement et se retrouve régulièrement couvert de bleus : "on essaye de minimiser, parce qu’on ne peut pas non plus l’enfermer dans une boîte", ajoute sa mère.
Emelyne déplore aujourd’hui le manque d’empathie dont peut faire preuve la société réunionnaise à l’égard des porteurs de handicap, en particulier quand celui-ci est invisible, comme chez Rubèns. "Mi na souvent droit à des réflexions kan mi gare a mwin su une place handicapé. Pou les gens, un handicapé lé obligatoirement en fauteuil roulant. Mi na aussi droit à des remarques du style "ou lé sûre li vwa pa", juste parske li arrive à faire des choses", déplore la jeune maman.
Rubèn est le premier enfant d’Émelyne. En plus de s’adapter à sa nouvelle vie de maman, elle a notamment dû s’adapter à son handicap. "Il faut toujours être vigilant", dit-elle.
Au départ, après avoir appris que sa malvoyance était une maladie congénitale, la jeune maman s’en est voulue. La solution selon elle pour surmonter cet obstacle : la communication. C’est d’ailleurs un conseil qu’elle donne aux parents dans la même situation qu’elle : "i fo pa nou la honte, i fo nou en parle pou entraide a nous et avancé."