Le député PS et adjoint au maire de Paris, Jean-Marie Le Guen, a relancé le débat sur les « salles de shoot » dans une interview au Parisien daté d’hier.
Dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France, publié mercredi, le député socialiste Jean-Marie Le Guen a très clairement demandé au gouvernement d’autoriser la création de salles d’injection de drogue, communément appelées « salles de shoot ».
« Aujourd’hui il y a une urgence », déclare Jean-Marie Le Guen, qui prône une meilleure prise en charge des toxicomanes. « Le nombre de seringues utilisées dans les distributeurs automatiques progresse de 7% au premier semestre 2012 par rapport à la même époque en 2011 et les personnels des associations trouvent davantage de seringues dans les rues », fait-il constater.
Pour plus d’hygiène et de sécurité, l’adjoint au maire de Paris a exhorté le gouvernement à « donner son accord pour la mise en œuvre de ces salles de consommation », qu’il compte appeler « centres d’injections supervisés » (CIS).
« Je préfère que les gens lourdement précaires et toxicomanes consomment de la drogue dans des salles dédiées plutôt qu’ils se piquent dans une cage d’escalier », explique Jean-Marie Le Guen, qui défend cette cause depuis de nombreuses années, selon Le Jdd.
En décembre 2009, l’élu socialiste avait estimé que la mise en place de ces salles de shoot « permettra un meilleur contact entre les toxicomanes et les services sanitaires ». Mais le problème c’est que « la France reste bloquée sur ce sujet depuis plusieurs années pour des raisons purement idéologiques ».
Alors que la polémique enfle autour de ces propositions, le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé, a dit « Bravo à Jean-Marie Le Guen ! » d’avoir relancé le débat sur les salles de shoot.
« J’espère que le gouvernement permettra rapidement cette expérimentation à Paris et à Marseille », martèle sur la chaîne LCI l’élu de l’Essonne, qui plaide en faveur des « salles de moindre risque ». « C’est ça qui peut en réalité réduire la consommation », insiste-t-il.
«
Tout comme pour le cannabis, ceux qui sont préoccupés de sécurité et de santé publique ne sont pas ceux qu’on croit », ajoute le sénateur écologiste, dont le parti est favorable à la
dépénalisation du cannabis.
En revanche, du côté de l’UMP, « la priorité nationale est de prévenir et réduire la consommation, non de l’encadrer ». « Ouvrir des salles de consommation de drogues, ce n’est pas lutter contre le fléau de la drogue, c’est banaliser l’usage et c’est légaliser la consommation des drogues les plus dures et cela aux frais des contribuables ! », s’indigne dans un communiqué le parti.
« Le rôle de l’Etat est avant tout de protéger et d’aider les plus fragiles à sortir du piège des toxicomanies et non de les y enfermer », poursuit le texte.
Hostile également, le député UMP de Paris, Bernard Debré, a dénoncé sur Europe 1 « une mentalité stupide ». « Avec ces salles, un drogué pourra très bien attaquer l’État et l’accuser de l’avoir poussé vers la drogue », analyse-t-il.
Le Front national partage le même point de vue et pointe du doigt ce qu’il considère comme une « idée (aussi) délirante qu’irresponsable. Elle constituerait une brèche dans le bannissement de la consommation de la drogue dans notre pays, alors que ses ravages sont plus importants que jamais selon les experts. »