L’idée d’une éventuelle intervention militaire en Libye ne fait pas l’unanimité. Les Etats-Unis et l’OTAN se disent prêts à toute éventualité, tandis que la France exclut toute option militaire pour éviter le risque des réactions négatives des populations arabes.
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU qui s’est réuni hier a appelé au " départ immédiat " de Mouammar Kadhafi. Toutefois, les puissances occidentales n’arrivent pas à s’entendre sur les moyens d’y parvenir.
Depuis quelques jours, les Etats-Unis ont commencé à déployer leur dispositif aéro-naval à proximité de la Libye en prévision à une éventuelle intervention militaire.
"Nous sommes en train de repositionner des forces en vue d’avoir la flexibilité nécessaire une fois que les décisions auront été prises", explique Dave Laplan, porte-parole du Pentagone.
Différents médias internationaux rapportent que des navires de guerre américains se rapprochaient hier des côtes libyennes. Il s’agit entre autres de l’USS Kearsarge, un porte-hélicoptères transport de chalands de débarquement, deux vaisseaux, avec à bord au total quelques 800 Marines.
Hier soir, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a toutefois souligné qu’aucune action militaire n’est prévue dans l’immédiat. La décision de Washington est néanmoins diversement appréciée à Benghazi. Mardi matin, le Conseil national de la transition mis en place par l’opposition et les insurgés a fait part de leur méfiance vis-à-vis d’une éventuelle intervention de l’Occident. Des panneaux d’affichage " No foreign intervention ", " Pas d’intervention étrangère " ont ainsi été installés le long des artères de la ville.
Cependant, de nombreux jeunes libyens se disent prêts à se porter volontaires auprès des forces internationales pour faire tomber Mouammar Kadhafi. Pour sa part, la France joue la carte de la prudence. Invité sur TF1 hier soir, le tout nouveau ministre des Affaires étrangères Alain Juppé juge " non-productive " une intervention militaire en Libye. Elle "mérite d’être regardée à deux fois. Je ne sais pas quelle serait la réaction de la rue arabe, des populations arabes tout au long de la Méditerranée si on voyait les forces de l’Otan débarquer sur un territoire du sud méditerranéen", a-t-il dit. "Je pense que cela pourrait être extrêmement contre-productif", a-t-il continué.
"Avant d’en arriver là, nous essayons d’accentuer les pressions pour faire tomber Kadhafi, il va tomber, il tombera, parce que il est déjà isolé dans Tripoli", a-t-il estimé.
En attendant, la France préfère s’en remettre à l’ONU pour décider de la création d’une zone d’exclusion aérienne en Libye. Pour sa part, le Sénat américain a lancé à la communauté internationale un appel pour l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye.
L’OTAN a fait savoir qu’une intervention militaire n’est pas encore à l’ordre du jour.
Enfin, l’Organisation de la conférence islamique qui s’est réunie hier s’est dit totalement contre une intervention militaire en Libye.