Une alerte aux rats a perturbé le déroulement des cours à l’école maternelle Stella, à Saint-Leu hier. Après inspection des lieux, il est apparu que les déjections animales observées appartenaient non pas à des rats mais à des musaraignes. Malgré le discours rassurant livré par la mairie de Saint-Leu, le mammifère peut lui aussi véhiculer la maladie de la leptospirose. Le débat autour de la sécurité des enfants et du personnel encadrant est donc relancé.
Depuis le début de l’année 2011, huit cas de leptospirose ont été confirmés dans notre île, contre quatorze l’année dernière, à la même période. Si aucun nouveau cas n’a été enregistré durant cette semaine, les parents des élèves de l’école maternelle Stella et les enseignants ont eu une belle frayeur hier.
Des excréments d’animaux ont en effet été trouvés dans plusieurs salles de cours, faisant craindre des risques de leptospirose. Très vite, la mairie de Saint-Leu s’est montrée rassurante, affirmant "que les enfants ne courent aucun risque". Mais voilà, sur le site du Ministère de l’agriculture, force est de constater que les musaraignes font elles aussi partie des animaux pouvant transmettre la maladie infectieuse.
Dans la ruelle des Chocas à Etang Saint-Paul, un oncle et son neveu - Alain Gangama et Jean-Fred Ifanouanga - ont été hospitalisés il y a quelques semaines, après avoir contracté la leptospirose.
Si le quartier de l’Etang est considéré comme une zone à risques, tous les Réunionnais doivent lutter contre cette maladie pouvant entrainer la mort. Les membres de la Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les organismes nuisibles ont déjà mené des campagnes de sensibilisation et des kits de dératisation ont été distribués.
La vigilance doit être maximale dans la mesure ou la maladie de la leptospirose d’ordinaire transmise par les rats, peut être également véhiculée par d’autres comme les animaux d’élevage par exemple, les musaraignes ou encore les chiens dans des cas plus rares.
La bactérie de la leptospirose résiste plusieurs mois dans le milieu extérieur humide (eau douce).Les urines des animaux infectés souvent de façon inapparente, contaminent les bassins d’alimentation des cours d’eau et donc les eaux douces de surface. Chez les rongeurs, réservoirs de la bactérie, la leptospirose est inapparente.
La transmission accidentelle a lieu par contact de la peau lésée ou d’une muqueuse avec de l’urine d’animaux porteurs de l’infection (en général des rongeurs), ou un environnement humide contaminé (eau douce polluée par cette urine).
Les symptômes qui accompagnent la maladie sont les suivants : fièvre élevée s’installant en quelques heures, syndrome douloureux (myalgies, arthralgies, céphalées), conjonctivite, éruption cutanée et troubles digestifs. Après quelques jours peuvent apparaître des complications rénales, hépatiques, neurologiques, hémorragiques ou pulmonaires. La maladie peut entraîner un décès dans 2 à 10% des cas.
Un traitement existe. Prescrit dès l’apparition des premiers symptômes, il permet au malade de guérir rapidement. Le véritable enjeu reste celui de la propreté des sites. En effet, le principal facteur responsable de la circulation de la leptospirose dans l’île est celui de la pollution.
Dans ce contexte, de nombreuses communes ont mis en place un plan pour éradiquer les risques sanitaires liés à la présence de rongeurs. Mais la plus lourde tâche revient à la population qui doit respecter les consignes de prudence pour écarter tout risque :
- cette maladie peut être contractée par la peau, même sans lésions et surtout par les muqueuses, par contact avec les eaux et les sols contaminés par l’urine des animaux. Il faut donc éviter de marcher pieds nus dans les flaques d’eau et lutter contre les rats en conservant les aliments dans des boîtes fermées ou encore en posant des pièges ;
- dès l’apparition des premiers symptômes (maux de tête, fièvre, fatigue et courbatures, surtout dans les membres inférieurs), il est essentiel de consulter un médecin sans attendre. La leptospirose ne se soigne qu’avec un traitement antibiotique si elle est prise à temps.