Le maintien controversé de la déchéance de nationalité dans le projet de révision constitutionnelle sème le trouble au Parti socialiste. Le Premier ministre Manuel Valls estime qu’une partie de "la gauche s’égare au nom de grandes valeurs".
Dans un entretien exclusif pour le Journal du Dimanche, Manuel Valls, Premier ministre, s’est confié par rapport au choix de François Hollande de conserver dans son projet de révision constitutionnelle la déchéance de nationalité. Manuel Valls justifie la décision et s’en prend à ceux, dans son propre camp, qui l’a ouvertement critiquée. "La détermination est totale, nous irons jusqu’au bout", dit-il. "Que ceux qui critiquent cette décision se rendent compte", ajoute-t-il, en référence à la menace de nouveaux attentats qui se manifeste "quotidiennement". Il n’a d’ailleurs pas hésiter à citer l’historien Pierre Nora pour étayer son propos : "La France est en péril de paix".
Pour le premier ministre, les réticences de la gauche, particulièrement le PS, s’expriment pour de mauvaises raisons. "Une partie de la gauche s’égare au nom de grandes valeurs en oubliant le contexte, notre état de guerre, et le discours du Président devant le Congrès", s’explique-t-il. Le président François Hollande avait annoncé cette réforme devant le Congrès le 16 novembre, trois jours après les attentats de Paris.
Malgré le risque d’une explosion de la gauche, la ligne défendue par l’exécutif est celle du maintien du "cap" au nom du "serment de Versailles" et de "l’unité nationale", martèle Manuel Valls dans les colonnes de l’hebdomadaire. "Si le Président s’en écartait, il sortirait lui-même du cadre qu’il a fixé, c’est à dire l’unité nationale", souligne-t-il.
Les explications de Manuel Valls auprès du JDD, ne suffiront pas à atténuer la polémique. Dans les colonnes de l’hebdomadaire, Julien Dray, considéré comme proche de François Hollande, a estimé que la décision du chef de l’État sur la déchéance de la nationalité peut faire courir "le risque d’une rupture avec la gauche militante".