Pour continuer à toucher un public saturé d’informations et d’images violentes, la prévention routière fait appel à des cinéastes qui préfèrent raconter leurs vies brisées.
Les acteurs préfèrent raconter leurs blessures au lieu de montrer des images d’accident, rapporte Libération. Guillaume Canet, Rémi Bezançon, Mathieu Amalric, Erick Zonca, Eric Toledano ou Olivier Nakache se sont prêtés à l’exercice avec un court métrage intitulé "Le bon vivant" qui sort aujourd’hui, et réalisé pour l’association Ferdinand, créée par l’acteur et réalisateur Patrick Chesnais suite à la mort de son fils dans un accident.
Les réalisateurs y montrent Lucas, meneur d’une bande d’amis avec qui il se déguise à la fac, s’incruste en soirée, rencontre des filles, et qui a "adoré la vie". "J’aurais juste aimé qu’elle dure plus longtemps", précise-t-il alors que son visage s’efface sous un drap de morgue. Dans ce film, comme dans les autres, aucune image d’accident et quasiment pas de voitures.
Les cinéastes racontent la vie heureuse qu’un accident peut briser ou encore les relations difficiles d’un couple après l’accident. Ils évoquent aussi le quotidien qui doit continuer en l’absence d’un conjoint décédé sur la route ou avec le poids de la responsabilité d’un accident mortel.
"On a voulu créer un choc mais en le déplaçant : célébrer la vie normale de gamins de 20 ans insouciants mais qui peut, sur un moment, avoir une fin plus trash", qui contraste avec la "légèreté ambiante", explique Eric Toledano.
Erick Zonca, qui a raflé un césar pour "La vie rêvée des anges" et auteur d’un court métrage pour la Sécurité routière sorti le 5 mai, a, lui, voulu montrer "de la vie, qui file entre les doigts comme du sable". Les images violentes d’accidents ont longtemps été un ressort pour la prévention routière, avec une efficacité reconnue. Mais aujourd’hui, "les jeunes vivent dans une société d’images, ils en ont tout le temps, partout", explique Patrick Chesnais.