Des citoyens responsables pour dénoncer des infractions. C’est un concept qui commence à se faire connaître en France. Son but : créer un réseau de surveillance sur le voisinage et détecter les éventuels intrus.
Inspiré du concept anglo-saxon "neighbourhood watch" ("surveillance de quartier"), le concept police citoyenne existe en France depuis 2007 sous le dispositif "Citoyens vigilants" initié par le ministère de l’Intérieur et repris par une start-up marseillaise sous l’appellation "Voisins vigilants". Une start-up qui collabore avec les mairies afin de mettre en place le "réseau social de voisinage", explique son cofondateur Thierry Chicha.
Plus précisément, ce dispositif consiste en une collaboration étroite entre les citoyens et les forces de sécurité de la commune, dans le but d’augmenter le niveau de sécurité sur le territoire de la ville et d’améliorer la réactivité des forces de police. Au départ, une cinquantaine de communes des Alpes-Maritimes ont fait office de "communes pilotes", avant de passer le relais. Désormais, Voisins vigilants gère 250 communes. "Un business florissant", estime RTL. Pour Thierry Chicha, mis à part "le business", Voisins vigilants est surtout un réseau qui permet au citoyen "de dénoncer quelqu’un qui est en train de commettre un délit ou un crime".
Les règles d’usage des voisins vigilants dans la pratique
Les citoyens vigilants sont attentifs aux logements inoccupés notamment pendant les week-end et les vacances. Ils sont également attentifs aux déplacements d’individus ou véhicules suspects, démarcheurs et autres, lesquels pourraient potentiellement faire du repérage. Enfin, ils pourront signaler les véhicules stationnés au même endroit depuis plusieurs jours, inscription de signes ou symbole sur un portail ou un mur,...
Toutefois, il ne s’agit pas de créer une police secondaire. Aussi, le citoyen vigilant ne doit en aucun cas intervenir sur les cas précités, car il n’est titulaire d’aucun pouvoir de Police, administratif ou judiciaire. Aussi, son rôle se limite à prévenir la Police Nationale ou Municipale selon une procédure bien définie en fonction des faits rencontrés.
Un projet mis en place par le ministère de l’Intérieur
Le concept de départ était initié par le ministère de l’Intérieur sous l’appellation Citoyens vigilants, un modèle défendu depuis 2007 par la Place Bauveau mais qui avait eu du mal à démarrer. C’est en 2011, que le ministre de l’Intérieur de l’époque, Claude Guéant qui a relancé l’idée afin de lutter contre la hausse massive des cambriolages.
Si la start-up est désormais connue à travers toute la France, elle est souvent pointée du doigt par les policiers et gendarmes qui dénoncent des "abus". Dans certains quartiers, des voisins un peu trop vigilants ont été rappelés à l’ordre.
"Retisser du lien en République, c’est important", insiste Patrice Ribeiro, du syndicat de police Synergie Officiers. "C’est quelque chose dont ont besoin les policiers et les gendarmes. Mais il est clair que cela ne doit pas se faire au détriment de nos règlements. Il ne faut pas que certaines personnes, notamment dans une volonté mercantile, détournent la loi et essaient de se substituer aux forces de l’ordre", ajoute-t-il.
L’État préfère d’ailleurs parler d’"engagement citoyen", de civisme entre les habitants et les forces de l’ordre, et revendique 1 400 villes et villages partenaires. Le ministère de l’Intérieur a en outre rappelé que Voisins vigilants ne peut pas se prévaloir d’un quelconque label public.