La manifestation de ce samedi a rassemblé, selon la police, 899 000 personnes, contre 3 millions, selon les syndicats. Au-delà de la bataille des chiffres, le bras-de-fer persiste entre la majorité et l’opposition. D’un côté, le gouvernement campe sur sa position, gardant contre vents et marées le cap de sa réforme. De l’autre, l’opposition et les syndicats font bloc pour maintenir la pression, multipliant les appels à modifier le texte.
Pour sa part, le ministre du Travail, Eric Woerth relève une nette décélération de la mobilisation. "Il n’y a pas d’augmentation de la mobilisation", a-t-il déclaré à la presse au lendemain de la grève. "Les organisations syndicales ont décidé de manifester un samedi pour attirer plus de monde : ce n’est pas le cas. La mobilisation est forte mais du même ordre", a-t-il commenté pour enfoncer le clou. Et lui de conclure : "Je ne suis pas là pour dire que c’est bien ou pas bien, fort ou pas fort : c’est du même ordre".
Même son de cloche du côté du ministère de l’Education nationale. En effet, Luc Chatel estime lui aussi que le mouvement syndical s’essouffle.
"Je ne rentrerai pas dans la polémique des chiffres, j’entends les déclarations des responsables syndicaux qui évoquent un mouvement dans les mêmes eaux ou peut-être en dessous par rapport au 23 septembre", a-t-il déclaré samedi soir. "Chacun reconnaît ce soir qu’il n’y a pas d’amplification du mouvement alors qu’on pouvait penser que l’organisation d’une manifestation le samedi drainerait de nouveaux publics", a-t-il poursuivi.
Dans la foulée, selon le ministre du Budget, François Baroin, le gouvernement ne fléchira pas pour reporter à 62 ans l’âge légal de départ en retraite et à 67 ans l’âge du départ sans décote. "Il ne bougera pas sur la durée, il ne bougera pas sur les cotisations, il ne bougera pas sur les pensions", a-t-il déclaré sur RTL au sujet du projet de loi.
Dans l’opposition non plus, l’heure n’est pas à la reculade.
"Le gouvernement doit savoir" que la mobilisation contre la réforme des retraites "ne va pas s’arrêter là". "Rien n’est fini pour de nombreux mois. Contrairement à ce qu’essaient de faire croire un ministre du travail finissant, un président de la République en grande difficulté, ils seront obligés à un moment donné d’entendre les Français", a déclaré au "Forum" de Radio J le député socialiste Claude Bartolone.
De son côté, le sénateur Jean-Pierre Raffarin se dit "convaincu" que le débat au Sénat sera placé sous le signe des "ouvertures". "Le gouvernement n’a pas le droit de mésestimer la contestation sociale", estime-t-il.
Mêmes propos pour le président du MoDem, François Bayrou. Selon lui, les sénateurs se verront dans "l’ardente obligation de comprendre le message renouvelé par les Français ce samedi : à savoir, cette réforme est injuste et doit être revue".
Pour sa part, Arnaud Montebourg propose d’organiser un référendum car selon lui, le "gouvernement utilise les statistiques de la police pour minimiser la force du mouvement"."Là ce sera un vrai comptage ! On comptera les voix, on verra qui est pour et qui est contre", a-t-il expliqué.
Demain mardi 5 octobre, ce sera au tour des sénateurs de plancher sur l’examen du projet de loi relatif à la réforme des retraites. Les syndicats quant à eux prévoient une nouvelle journée de mobilisation pour le 12 octobre, la sixième depuis la création du projet de loi.