Le peuple malgache est au pied du mur. Quelques jours après l’application d’une hausse de plus de 10 % du prix des carburants, la plus importante depuis la transition, le spectre d’une inflation monstre plane sur la tête des ménages malgaches actuellement.
Si le pouvoir en place a toujours négocié pour maintenir un prix relativement bas, sa réserve de devises ne lui permet plus d’accorder certains avantages aux compagnies pétrolières. Une convention a d’ailleurs été signée entre ces dernières et le gouvernement. La convention arrivant à expiration, les compagnies pétrolières sont alors contraintes de revoir à la hausse leurs tarifs pour s’aligner avec le cours réel du brut sur le marché mondial. En effet, la remontée du dollar sur le marché financier international a beaucoup influé sur l’évolution des prix à la pompe, le prix du baril étant fixé en dollar. Pourtant, la hausse du prix à la pompe peut avoir un véritable effet domino sur les prix à la consommation et agir donc sur le niveau général des prix : il y alors inflation.
Schématiquement, le prix des carburants influe directement sur le prix de transport. Avec l’augmentation de frais qui en découle, la structure des prix à la consommation des produits se retrouve modifiée et revue à la hausse. C’est ainsi qu’une grande palette de marchandises surtout les produits de premières nécessités comme le riz, l’huile, … va connaitre une hausse généralisée des prix. Par ailleurs, les ménages sont aussi menacés par une éventuelle hausse des tarifs des transports en commun. Si les actuels prix ont été maintenus depuis plusieurs années malgré des hausses à répétition du prix du gazole, la dernière augmentation, particulièrement importante, peut contraindre les transporteurs à agir en conséquence sur les tarifs.
La population malgache s’enfonce donc un peu plus dans la pauvreté. Avec un pouvoir d’achat général mis à mal par plusieurs pertes d’emplois depuis le début de la transition, la crise est en passe de prendre une nouvelle allure avec l’arrivée imminente de l’inflation. Conscient de la gravité de la situation, le gouvernement de la Haute Autorité de Transition, par l’intermédiaire de son Ministre de des Mines et des Hydrocarbures mamy Ratovomalala, a demandé aux compagnies pétrolières de rétablir les anciens tarifs en attendant les négociations qui devront se tenir ce jour, mais en vain.
Cette nouvelle crise dans la crise peut mettre à mal la popularité déjà effritée du Président de la HAT Andry Rajoelina et à terme, sonner le glas du gouvernement de fait à Madagascar. Ce dernier est pointé du doigt par l’opposition d’être l’élément à l’origine du blocage du processus de sortie de crise et du gel des financements des bailleurs de fonds. La frustration grandissante du peuple malgache, quotidiennement harangué par l’opposition, pourrait ainsi accentuer la pression sur la HAT.
Les nouveaux tarifs par litre :
· Essence sans plomb 95 : Ar 2 990 à Ar 3 240 soit une hausse de 8.36 %
· Essence sans plomb 91 : Ar 2 970 à Ar 3 220 soit une hausse de 8.5 %
· Gazole : Ar 2 480 à Ar 2 780 soit une hausse de 12 %