Benigno Aquino, fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino, se dirigeait lundi soir vers une nette victoire à l’élection présidentielle aux Philippines, selon des résultats partiels annoncés par la commission électorale le plaçant largement en tête.
MANILLE (AFP) - Benigno Aquino, fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino, se dirigeait lundi soir vers une nette victoire à l’élection présidentielle aux Philippines, selon des résultats partiels annoncés par la commission électorale le plaçant largement en tête.
M. Aquino, 50 ans, recueillait 40,58% des suffrages, alors que 57% des votes avaient été comptabilisés à 0h00 locales (16H00 GMT), a indiqué le président de la commission électorale, Jose Melo.
Le sénateur Aquino, donné comme grand favori dans les derniers sondages pré-électoraux pour succéder à Gloria Arroyo, devançait l’ancien président Joseph Estrada (25,72%) et le sénateur Manuel Villar (13,85%), selon les résultats partiels.
Le président philippin est désigné à l’issue d’un unique tour de scrutin à la majorité simple.
Joseph Estrada, qui avait accédé à la magistrature suprême en 1998 avec 39% des suffrages, est à ce jour le président philippin le mieux élu.
"Noynoy" Aquino est le fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino et de son mari Benigno "Ninoy" Aquino, assassiné à son retour d’exil, tous deux révérés pour avoir conduit le rétablissement de la démocratie aux Philippines dans les années 1980, après la dictature de Ferdinand Marcos.
Elu successivement depuis 12 ans au Congrès (chambre basse) puis au Sénat, M. Aquino, diplômé d’économie, a fait de la lutte contre la corruption et la pauvreté les priorités de sa campagne présidentielle.
Ses deux principaux rivaux sont l’ex-président Joseph Estrada, 73 ans, renversé en 2001 puis gracié en 2007 après une condamnation à la réclusion à perpétuité pour corruption, et Manuel Villar, 60 ans, sénateur d’opposition et magnat de l’immobilier.
Plus de 50 millions d’électeurs étaient appelés à désigner également leur vice-président, ainsi que quelque 250 députés, 12 des 24 sénateurs, les 80 gouverneurs de provinces et plus de 17.000 élus locaux.
Plusieurs personnalités tentaient de décrocher un siège au Congrès, dont le boxeur Manny Pacquiao, considéré comme le meilleur boxeur du monde, l’ancienne Première dame Imelda Marcos ou encore la présidente sortante Gloria Arroyo.
Les élections ont été marquées par des violences, avec la mort d’au moins dix personnes, et des incidents techniques qui ont retardé la fermeture des bureaux de vote.
Les autorités ont néanmoins affirmé que ces élections où, pour la première fois, le pays utilisait un système de vote électronique, ont été une réussite.
En raison de différents problèmes techniques affectant les machines de vote électronique, qui ont provoqué de longues files d’attente, les bureaux de vote ont fermé une heure plus tard que prévu, à 19h00 locales (11h00 GMT).
L’une des victimes de ce couac technique a été M. Aquino, qui a dû patienter cinq heures avant de pouvoir voter dans son fief de Tarlac, au nord de Manille.
"Cela n’aurait pas dû se produire et cela ne serait pas arrivé si la commission électorale avait fait son travail", a déclaré le candidat du parti libéral.
Un porte-parole de la commission électorale, Gregorio Larrazabal, a cependant décrit le scrutin comme "une célébration de la démocratie". L’armée a estimé que ce système de vote électronique avait contribué à un nombre de victimes moindre que lors des précédentes élections.
"Le décompte a été plus rapide et cela a apaisé les tensions", a déclaré le colonel Ricardo Nepomuceno, porte-parole de l’armée.
Les élections générales ont cependant une fois de plus donné lieu à des violences sanglantes dans ce pays surarmé où les politiciens locaux entretiennent des milices privées.
Au total, dix personnes ont été tuées à travers le pays, dont deux dans la province de Maguindanao, théâtre du massacre de 57 civils en novembre sur fond de rivalités politiques entre clans.