Après de fracassantes révélations sur un coup d’Etat en 2009 deux semaines plus tôt, le Lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina, de sa cellule à la prison de haute sécurité à Tsiafahy, a enfoncé un peu plus le clou en déballant les dessous des évènements marquants de la crise dont le fameux "Lundi noir" du 26 janvier et le carnage du 7 février.
On ne l’arrête plus. Le Colonnel Charles Andrianasoavina continue de faire des ravages en mettant encore un peu plus la Haute autorité de Transition dans l’embarras. Dans une lettre envoyée à Joachim Chissano, le médiateur mandaté par la SADC, cet officier qui a beaucoup fait parler de lui durant les temps forts de la crise en 2009, a fait des révélations visant explicitement des membres et des proches de l’actuel gouvernement de fait à Madagascar.
Dans la lettre, le Lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina a été direct et sans équivoque, comme à son habitude. Concernant le fameux "Lundi noir" du 26 janvier 2009 où des dizaines de bâtiments et commerces ont été saccagés et incendiés, celui qui était connu sous l’appellation "Commandant Charles" a indiqué qu’une réunion préparatoire aurait eu lieu la nuit du 19 janvier 2010. Plusieurs membres du Conseil supérieur de la Transition (CST) actuel auraient été présents avec plusieurs "gros bras", ceux qui ont mené les pillages. Le but aurait été de casser les grands magasins tels Jumbo Score mais surtout les établissements de l’ancien Président et de ses proches ainsi que la Télévision et la Radio nationales.
Sur le carnage du 7 février qui a vu plusieurs militants pro-Rajoelina tombés sous les balles de la garde présidentielle au Palais d’Etat d’Ambotsirohitra, le Lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina avance des révélations troublantes et inquiétantes sur la nature des hommes qui siègent actuellement à la tête du pays. En effet, d’après cet officier, une réunion préparatoire aurait eu lieu chez un haut dirigeant de la HAT et aurait vu la présence de plusieurs membres du CST et de hauts gradés de l’Armée la veille de la tuerie. Pour rappel, Andry Rajoelina, qui était à l’époque maire d’Antananarivo, avait alors fait une intervention dans une chaine de radio privée, accusant le Président Marc Ravalomanana d’assassin, et ce, en larmes.
Cette dernière révélation risque de chambouler plusieurs faits déjà établis. C’est le cas notamment du procès qui a incriminé (à tort ?) l’ancien Président, le condamnant à la prison à perpétuité, mais surtout, l’écarte de toute possibilité de se présenter aux prochaines éventuelles échéances électorales. En effet, conformément à ce qui a été prévu dans les différents accords, tout candidat reconnu coupable de crime de sang sera écarté de toute élection.
Par ailleurs, en ce qui concerne le financement, le Lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina affirme qu’il aurait été assuré par des groupes de personnalités proches de la HAT, des opérateurs indo-pakistanais, trois opérateurs actuellement favorisés ainsi qu’un membre du gouvernement. Le montant total s’élèverait alors à 12.2 milliards d’Ariary, soit un peu plus de 4 millions d’euros.