Chose promise, chose due. Depuis son arrestation après la mutinerie à la Base aéronavale d’Ivato, le Lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina avait promis un grand déballage. Il l’a fait hier à son arrivée au tribunal d’Anosy où il devait justement être entendu dans le cadre de cette épineuse affaire.
Profitant d’un certain "laxisme" de ses gardes, Charles Andrianasoavina a réussi à approcher les journalistes qui étaient agglutinés aux abords du couloir qui menait vers le bureau du Doyen des juges.
Il a alors apporté des révélations entourant le départ de l’ancien Président Marc Ravalomanana du régime lors des évènements de 2009. Sans équivoque, le "commandant Charles" (ndlr : il était connu sous ce nom à l’époque) a indiqué qu’"il y avait un double coup d’Etat en 2009".
Allant encore plus loin dans ses révélations, il a affirmé que "2 milliards ont été dépensés pour financer ces opérations". D’après lui, d’actuels hauts responsables de la Haute Autorité de la Transition auraient participé aux financements ainsi que des personnalités militaires et des étrangers.
"Personnellement, j’ai reçu 100 millions le 8 mars 2009", a précisé Charles Andrianasoavina. A propos de ce coup de force, il a aussi indiqué devant la presse qu’il a procédé à cette nouvelle tentative de coup d’Etat en réponse à Andry Rajoelina qui n’aurait pas respecté un "deal".
Cette déclaration du Lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina, met dans l’embarras la HAT qui, face à la Communauté internationale, a toujours réfuté l’hypothèse d’un coup d’Etat à Madagascar en avançant que Marc Ravalomanana était parti de lui-même.
Les personnalités au pouvoir sont restées étrangement muettes suite à ces révélations de Charles Andrianasoavina, à commencer par Andry Rajoelina qui a préféré se concentrer sur le problème du prix du riz et le Chef de l’Etat-major général de l’armée malgache, le général André Ndriarijaona qui était pourtant au Palais de justice hier.
En effet une confrontation a eu lieu hier entre les leaders de la mutinerie du 17 novembre et le numéro un de l’Armée malgache. Après cette audition au tribunal, le Lieutenant-colonel Charles Andriasoanvina et ses compères, dont notamment l’ancien Ministre des Forces armées de la HAT Noël Rakotonandrasana ont rejoint immédiatement la prison de haute sécurité de Tsiafahy où ils sont incarcérés.