À Madagascar, la date du 13 mai marque la première révolte de la rue. Quatre grands mouvements se sont tenus sur la mythique place du même nom, au cœur d’Antananarivo, depuis 1972.
La date du 13 mai revêt un caractère particulier pour les Malgaches. Des mouvements de rue, qui ont mené à la chute des présidents Philibert Tsiranana, Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana, s’y sont tenus, en 1972, 1991, 2002 et 2009.
En 1972, les étudiants de l’ancienne université Charles de Gaule, aujourd’hui université d’Antananarivo Ankatso, réclamaient la démocratisation de l’enseignement et la fin de l’hégémonie de la langue française à Madagascar. Le 13 mai de cette année-là, des milliers de manifestants se rendirent sur l’ancienne place de l’Hôtel de Ville pour réclamer la libération d’étudiants arrêtés et envoyés au bagne. La répression a fait une quarantaine de morts. Ce mouvement met fin à la Première République, et entraîna la chute de Philibert Tsiranana. Le pouvoir est confié aux militaires jusqu’en 1975, l’année de l’élection de Didier Ratsiraka et de l’avènement de la IIe République.
En 1991, la rue s’est de nouveau soulevée pour réclamer le départ de Didier Ratsiraka. Les manifestations vont durer des mois, et des élections anticipées vont se tenir l’année d’après, emmenant au pouvoir le président Albert Zafy et l’avènement de la IIIe République.
En 2002, la place du 13 mai est de nouveau investie par les partisans de Marc Ravalomanana, après des élections présidentielles contestées en décembre 2001. Didier Ratsiraka ne cède qu’en juin 2002, et le nouveau président a été reconnu par la communauté internationale.
Sept ans plus tard, en 2009, les partisans d’Andry Rajoelina, à l’époque maire d’Antananarivo, descendent dans la rue pour réclamer le départ de Marc Ravalomanana, réélu en 2007. Au bout de deux mois de contestation, en mars 2009, un directoire militaire est proclamé par le président, mais Andry Rajoelina s’empare du pouvoir pour une transition qui va durer cinq ans.
Madagascar se trouve aujourd’hui dans un contexte politique et économique de nouveau instable. Le départ du président Hery Rajaonarimampianina est réclamé par des syndicats et des partis politiques. Et en raison de rumeurs de coup d’État qui se font insistantes ces derniers temps, toute manifestation est interdite aujourd’hui sur la mythique place du 13 mai, devant l’Hôtel de Ville. La commémoration des événements de 1972 est donc limitée à de simples dépôts de gerbes sous l’œil des forces de l’ordre.
Crédits vidéo : INA.