Les opérations de marquage de requins menées entre octobre 2011 et mai 2013 ont permis aux scientifiques de l’IRD d’étudier la population de squales présente au large des côtes réunionnaises.
Les scientifiques en charge du programme Charc (Connaissance de l’Habitat des Requins Côtiers) ont publié un bilan provisoire suite aux opérations de marquage de requin qui ont eu lieu entre octobre 2011 et mai de cette année. Au total, 80 requins ont été marqués, 42 tigres et 38 bouledogues.
En s’appuyant sur les données récoltées, les chercheurs ont notamment remarqué une "variabilité dans l’attitude des requins", déclare Marc Solia, directeur de recherche à l’IRD. Grâce à ce premier bilan provisoire le programme Charc a permis aux scientifiques de se rendre compte que les squales présents dans les eaux réunionnaises n’ont pas "d’aspect territoriaux". De plus, les individus se regrouperaient à des endroits précis - à certains spots au large de l’île - notamment du côté Saint-Gilles. "Il pourrait s’agir de zones de reproduction", avance Marc Solia avant de rappeler, "mais on ne sait pas encore."
A la décision du préfet de La Réunion de permettre la chasse aux requins, Marc Solia répond : "tant qu’on ne sait pas quelle type de population de requin on a, on ne peut pas connaître l’effet que cette pêche aura". Il ajoute que le résultat pourrait être "nul" : "s’il s’agit d’une population fixe, elle sera éradiquée et s’il s’agit de requins qui sont ouverts sur l’océan Indien, cette pêche de 90 requins ne suffira pas", explique-t-il.
Selon le directeur de recherche à l’IRD, les dernières opérations de marquage ont permis aux scientifiques d’apprendre beaucoup plus sur les requins. "On a un an et demi d’observation, on a plus de données, plus de certitudes et des pistes commencent à apparaître", affirme-t-il. L’institut devrait récupérer de nouvelles stations pendant les mois de septembre et d’octobre. Les scientifiques analyseront alors l’ensemble des données.
A l’avenir, le programme Charc devrait permettre de creuser les pistes d’occupation saisonnières des requins, les questions de reproduction mais aussi essayer de caractériser les zones environnementales dans lesquelles ils évoluent. "Décrire ces zones par leurs caractéristiques et non par la présence de requin pourrait permettre de prévenir de leur présence", assure Marc Solia.