Les révélations de ces derniers jours sur le passé et la vie de Naffissatou Diallo, la femme de chambre qui a accusé Dominique Strauss-Kahn d’agression sexuelle et de tentative de viol, ont complètement fait basculer l’affaire à la faveur de DSK. Libéré sur parole vendredi dernier, l’ex patron du FMI pourrait même faire un retour fracassant sur le devant de la scène politique française. Libre de ses mouvements mais toujours inculpé, DSK pourrait être fixé plus tôt que prévu sur son sort, car l’accusation pourrait être contrainte d’abandonner les charges qui pèsent contre lui dans les prochains jours.
Depuis jeudi soir, les révélations sur la femme de ménage, qui ne s’est jamais exprimée publiquement, se sont enchaînées. Jeudi, c’est le très sérieux journal New York Times qui mettait en doute le récit des faits de la plaignante, annonçant une audience surprise de Dominique Strauss-Kahn. La justice américaine, via le procureur Cyrus Vance Jr, décide lors de la comparution de vendredi de libérer sur parole le ténor socialiste, reconnaissant que la femme de ménage a livré un « récit erroné » des faits. La crédibilité de la femme de ménage ne cesse depuis d’être sévèrement écornée.
Le New-York Times affirmait que l’employée de l’hôtel de Sofitel avait été impliquée dans des trafics de drogue et de blanchiement d’argent -recevant sur son compte d’importantes sommes en liquide – et qu’elle avait passée un coup de fil à un homme incarcéré 24 h après les faits supposés lui demandant comment tirer parti de la situation.
Samedi, le tabloïd New York Post est allé beaucoup plus loin. Naffissatou Diallo serait en fait une prostituée réputée pour recevoir des pourboires disproportionnés de la part de riches clients de l’hôtel. Mariée à un trafiquant de drogue, qu’elle aurait contacté le lendemain du dépôt de sa plainte, elle aurait accusé DSK de tentative de viol, uniquement parce que celui-ci aurait refusé de payer la relation sexuelle.
La jeune femme présentée dans un premier temps comme une mère de famille honnête et travailleuse, victime innocente d’un homme violent et pervers, est passée en moins d’une semaine à la position d’une prostituée occasionnelle opérant dans les hôtels, mariée à un trafiquant de drogue et ayant menti pour profiter financièrement de la situation. Un revirement de situation spectaculaire à l’image de cette affaire.
Dès vendredi, le retour en politique et dans la course à la présidentielle de DSK sont évoqués. Le calendrier des primaires socialistes est remis en cause par certains membres du parti. Selon un sondage Harris Interactive pour le Parisien, 49% des Français seraient favorables à un retour de DSK, qu’il soit coupable ou non.
Les interrogations suscitées par cette affaire et par le renversement de situation s’orientent autour d’éventuels soutiens dont aurait pu bénéficier la femme de chambre. Dans le cas où elle aurait accusé à tort DSK, a t-elle agi seule ? L’ancien favori à gauche des sondages pour la présidentielle aurait-il été victime d’un complot ? Plusieurs socialistes fidèles à DSK ont contre-attaqué dimanche en évoquant des « connexions politiques » dans cette affaire et même un attentat contre l’ex président du FMI. François Loncle a notamment parlé d’’un coup de fil de téléphone passé par les dirigeants de l’hôtel Sofitel à ceux du groupe français Accor. Michèle Sabban, socialiste proche de DSK, parle « d’attentat politique » estimant qu’il y a des faits troublants dans les échanges entre New-York et Paris au moment des faits.
Selon une source proche du dossier, l’Elysée, plus précisément Ange Mancini coordinateur national du renseignement à la présidence de la République, aurait été prévenu une petite heure après les faits par la direction du groupe Accor, elle-même contactée par le Sofitel de New-York.