Le Père Thomas de Gabory, médecin et aumônier de l’université de La Réunion parle de la discrimination homosexuelle, de son expérience avec les jeunes homosexuels de La Réunion, ainsi que des personnes atteintes du sida qu’il a rencontré.
Selon le Père Thomas de Gabory, mettre fin à ses jours à cause de son homosexualité est un acte tragique. Il transmet d’ailleurs sa peine et sa compassion à la famille du jeune Félicité Jérémy. Il confie : "C’est dramatique et je pense qu’on a un problème de société et peut-être à La Réunion. C’est celui des ladilafé, des moqueries permanentes pour des gens qui sont avant tout des personnes et qui ont une orientation sexuelle différente de ce qu’on appel parfois excessivement la normalité."
L’aumônier de l’université déclare qu’il faut mettre en avant la personne, et "la personne humaine est digne d’une immense dignité". Il ajoute qu’il n’est pas possible de faire des catégories de personnes et qu’il en a assez avec les moqueries et les discriminations.
"Jésus n’a jamais traité personne d’homosexuel"
Il déclare qu’il est anormal qu’un jeune se suicide parce qu’il est homosexuel.
Par rapport au sujet tabou de l’homosexualité dans au sein de l’Église, il pense que c’est dommage d’avoir cette vision dans l’Église, parce que selon lui, les textes officiels demandent à tous les chrétiens d’accueillir les personnes homosexuelles avec respect, compassion et délicatesse.
"Il faut affirmer haut et fort que juger, discriminer une personne en fonction de ses orientations sexuelles est un pêché, ce n’est pas chrétien." Il lance l’idée qu’il faille changer le regard de toutes une société et prôner la tolérance. Il ajoute : "L’Église est très claire la dessus, les personnes homosexuelles sont accueilli dans l’Église sans jugement aucun."
En tant qu’aumônier de l’université, dans le secret de la confession, il avoue que les étudiants homosexuels sont nombreux. "Je constate un tabou de société, un tabou sur cette île, un manque de parole et de discussions. Dans les familles mais aussi avec les amis ou dans l’entourage."
Il raconte : "Les jeunes homosexuels ont tendances à se cacher et on en arrive parfois à des drame comme le suicide de Félicité Jérémy. Il faut condamner ce manque de parole, et ouvrir la parole dans les familles, sans aucuns tabous. C’est jamais la fin du monde quand on se découvre homosexuel mais quand un homosexuel se suicide, quand on le moque alors c’est la fin d’un monde."
Également médecin, il a exercé auprès de patients homosexuels durant 8 années. Selon lui, ça dépend de la personne de savoir si vivre son homosexualité est plus facile dans l’hexagone plutôt qu’à La Réunion.
"J’ai travailler avec des personnes homosexuels hommes ou femmes atteintes par le virus du sida." Il ajoute : "Même si on change le regard de la société sur l’homosexualité cette dernière restera une souffrance et comme une croix qu’on porte."
Selon lui, ce n’est jamais facile pour un jeune de se découvrir homosexuel. Il pense qu’il on besoin d’un accompagnement. Un accompagnement personnel qui passe par la famille. "Surtout pour un jeune qui a le courage d’affirmer qu’il est homosexuel."