Membre de l’association Squal’Idées et spécialiste des fonds marins, Gerry Van Grevelynghe se dit consterné par cette nouvelle attaque de requin, qui a coûté la vie à Mathieu Schiller, un jeune homme de 32 ans, cet après-midi au large de Boucan Canot. Selon cet expert, ce drame aurait pu être évité, car les surfeurs ont pris des risques en se mettant à l’eau dans de mauvaises conditions.
Cet après-midi, un jeune surfeur a été attaqué par un requin au large de la plage de Boucan Canot à Saint-Gilles. Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez appris ce drame ?
Gerry Van Grevelynghe : "Ma première réaction a été la consternation. Une fois de plus s’est produit un événement dramatique qui aurait pu être évité, si les surfeurs avaient été plus prudents. Selon les éléments qui m’ont été communiqués, l’eau était trouble avec une forte houle. Les conditions étaient si mauvaises que même les pompiers n’arrivaient pas à prendre la mer. D’autre part c’est une déception, car j’aurais aimé que l’on ait le temps de mener à bien les études scientifiques sur les comportements et les spécimens de requins aux abords de nos côtes avant d’être rattrapés par l’actualité."
Quelles solutions pourraient être envisagées ?
"Avant toute chose, il faut mieux comprendre et étudier les requins pour essayer de trouver des solutions. Un pas décisif a déjà été franchi dans la prise en compte de ces accidents. Mais je le répète pour l’instant, la seule solution reste l’extrême prudence des nageurs comme des surfeurs. Lorsque les conditions sont mauvaises, il ne faut pas se mettre à l’eau. Des études vont être engagées avec des scientifiques missionnés pour essayer de comprendre la multiplication des observations de requins aux abords des côtes de l’Ouest. Mais les politiques comme les scientifiques ne doivent pas prendre de décision radicale à chaud."
Comment expliquer la multiplication des attaques de requins à la Réunion ?
"Pour l’instant, nous n’avons pas d’éléments véritablement concrets. Mais cette concentration de squales sur les zones ouest pourrait s’expliquer par la sédentarisation d’un groupe de requins. Nous savons qu’il y a des requins dangereux sur nos côtes, des requins tigres et des requins bouledogues. Pour l’instant ce ne sont que des suppositions, il existe 400 espèces de requins dans le monde, toutes avec des habitudes, des moeurs différents. Dans l’avenir, nous pourrions envisager le marquage et le déplacement de certains spécimens. Surtout, il ne faut pas se lancer dans une vendetta anti-requins, qui détruirait l’espèce. Dans l’immédiat, la seule solution reste la prudence."