L’amende délivrée par l’autorité de la concurrence concerne directement l’activité réunionnaise de France Télécom. L’entreprise est accusée d’avoir entravé le développement de Mobius et de Outremer télécom. France Télécom a joué sur son ancienne position de monopole pour s’octroyer certains avantages.
Il s’agit de la onzième amende pour l’opérateur, qui est l’entreprise la plus fréquemment sanctionnée par le gendarme de la concurrence. Depuis 1994, il a versé 497,4 millions d’euros (avant appel), selon les calculs de l’AFP.
L’Autorité avait été saisie en 2005 par Outremer Télécom et en 2006 par la société Mobius, qui contestaient les pratiques de l’opérateur historique français en matière de téléphonie fixe et d’internet dans les départements de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Réunion.
Ces deux entreprises "ont retiré leur plainte en 2009, mais la procédure a suivi son cours", a précisé l’Autorité dans un communiqué.
Selon les sages de la rue de l’Echelle, "France Télécom a utilisé sa position dominante résultant notamment de son ancien monopole pour s’octroyer, de manière déloyale, des avantages sur ses concurrents".
Ces pratiques "ont eu pour effet de limiter le développement des opérateurs alternatifs dans les DOM qui n’ont pu atteindre une taille critique suffisante pour faire peser une contrainte concurrentielle sensible sur l’opérateur historique", a estimé l’Autorité.
Par ailleurs, l’opérateur a utilisé les fichiers de clients dont il disposait pour leur proposer, une fois qu’ils avaient migré vers un fournisseur alternatif, "une offre commerciale spécifique" dans laquelle il "n’a pas hésité à dénigrer ses concurrents".
France Télécom a également pratiqué des tarifs de détail anormalement bas dans l’internet haut débit à la Réunion, impossibles à reproduire par les autres acteurs.
Qualifiant l’ensemble de ces comportements de "particulièrement graves", l’Autorité souligne que "le dommage causé à l’économie par les pratiques de France Télécom est d’autant plus lourd" que dans les DOM "les consommateurs disposent de revenus relativement faibles" et ont particulièrement besoin des télécoms "compte tenu de l’enclavement insulaire".
Sur le département, les représentants de France Télécom Réunion estiment que cette sanction est "disproportionnée compte tenu des investissements réalisés sur le territoire".
"Cette décision judiciaire, c’est la reconnaissance de ce retard que nous avons accumulé depuis plusieurs années à cause du comportement de France Télécom qui nous a pénalisé. Depuis que nous avons pu acheter des capacités sur la câble Safe à d’autres opérateurs, nous avons pu lancer une nouvelle offre plus avantageuse pour les Réunionnais" explique l’un des représentants de Mobius sur le département.
"C’est important que France Télécom soit contraint par la Direction de la concurrence de nous permettre d’assurer le développement d’une offre qui soit la plus saine possible et la meilleure pour l’ensemble de nos clients" détaille un employé chez SFR.