Dans un entretien avec les lecteurs du Parisien, la garde des sceaux a défendu bec et ongles son projet de réforme pénale que l’UMP conteste avec ferveur.
Avec un projet de loi de réforme pénale qui va être examiné par l’assemblée à partir de mardi mais qui fait déjà l’objet d’une grande contestation par la droite, Christiane Taubira tient à le défendre.
Se demandant "en quoi suis-je laxiste ?", la ministre déplore que "dès que survient un drame ou un fait divers, c’est de ma faute. Nous travaillons avec les lois et des procédures adoptées sous le précédent quinquennat. Et on m’accuse de vider les prisons, alors qu’on vient de battre deux fois des records de surpopulation carcérale."
Pour défendre les principales mesures de sa réforme pénale qui comprend la suppression des peines planchers pour les récidivistes, créées sous l’ère Nicolas Sarkozy, et la mise en place d’une controversée "contrainte pénale", qui se substituera à l’incarcération en imposant des obligations aux condamnés, elle estime que "Toute faute mérite d’être sanctionnée", lance-t-elle . Elle de préciser que "la contrainte pénale permettra d’exécuter immédiatement la peine. Et je peux vous dire que les interdictions et obligations comprises dans la contrainte pénale ne feront pas plaisir aux condamnés".
Pour ce qui est de l’alternative à la prison, Christiane Taubira a pris en exemple le cas de "petite délinquance". "Est-ce efficace de mettre en prison quelqu’un deux ou trois mois dans une maison d’arrêt surpeuplée ?", balance celle que le président de la République vient de recadrer pour défaut de loyauté avant d’affirmer que "peut-être que le quartier sera plus tranquille. Mais une fois libéré, il rentrera dans son quartier. Et là que va-t-il se passer ?".
Outre ce projet de loi qu’elle qualifie d’"engagement du président de la République" et non "son" texte, la ministre a également évoqué la lenteur de la justice dans cet entretien publié par Le Parisien. "Je reconnais qu’il y a un manque de moyens", admet-elle avant d’ajouter que "sur les cinq années à venir, 1.400 magistrats vont partir à la retraite, et les recrutements décidés sous le précédent quinquennat n’ont pas permis de pallier ces départs". Toutefois, elle précise que le gouvernement est sur le point de le corriger.