Les enquêteurs tentaient toujours dimanche de cerner la personnalité de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l’auteur de l’attentat de Nice qui a fait 84 morts. L’investigation de son téléphone portable a donné un nouvel élément qui pourrait justifier l’implication d’un ou de plusieurs complices.
Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait-il des complices ? C’est la question que tentent d’élucider les policiers en charge de l’enquête sur l’assassin qui a fait 84 morts jeudi soir à Nice en fonçant délibérément sur la foule à bord d’un camion. Six personnes, cinq hommes et une femme, étaient toujours en garde à vue dimanche. Et selon BFMTV, l’un de ces hommes serait le destinataire d’un SMS particulièrement explicite envoyé par Mohamed Lahouaiej Bouhlel peu avant son passage à l’acte.
Les enquêteurs ont découvert dans son téléphone un SMS envoyé quelques minutes avant le début de sa course meurtrière à l’un de ses contacts. 22h26, il écrit : "Amènes-en plus... amènes en 5 à C". Ce message, adressé à l’un des hommes actuellement en garde à vue, suggère au moins deux potentiels complices. Peu avant l’attentat de Nice, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a aussi envoyé un SMS "se félicitant de s’être procuré un pistolet 7.65 et évoquant la fourniture d’autres armes", a confirmé l’AFP, citant des sources proches du dossier. Le tueur "s’est également pris en photo au volant du camion entre le 11 et le 14 juillet" avant de l’envoyer par SMS. Plus de 200 enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) sont mobilisés pour "identifier l’ensemble des destinataires" de ces messages, a expliqué une des sources.
A ce stade de l’enquête, Mohamed Lahouaiej Bouhlel ne présente pas le visage d’un djihadiste chevronné mais il semble bien avoir préparé son carnage. Nice Matin évoque également des textos équivoques envoyés par le tueur, dont l’un dit : "J’ai le matériel". En outre, selon une source policière au JDD, le tueur "a vidé son compte bancaire en une semaine, a vendu sa voiture la veille du 14 juillet et a déclaré sa radicalisation à son entourage". De même, le 11 juillet, le terroriste a loué le poids lourd qui servira au carnage. Les 12 et 13 juillet, il aurait également repéré les lieux avec ce véhicule. Ces repérages, le choix du lieu et l’heure de l’attaque confirment qu’il avait l’intention de faire un maximum de victimes.
Au total dimanche, six personnes étaient donc gardés à vue. Reste à savoir si ces personnes connaissaient le projet du tueur, ce qui en ferait de véritables complices. Parmi les personnes en garde à vue, un Albanais de 38 ans, arrêté dimanche matin, est soupçonné d’avoir fourni le pistolet 7.65, sur la base d’un témoignage recueilli par les enquêteurs et qui reste encore à étayer. L’épouse de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, en instance de divorce, a elle été remise en liberté.