L’islamologue, accusé de viols sur trois femmes, a vu sa première demande de remise en liberté rejetée par la justice. Sa défense dénonce une décision "invraisemblable".
Alors qu’il est incarcéré depuis le 2 février 2018 à Paris, Tariq Ramadan a présenté à la justice une première demande de remise en liberté. Malheureusement, elle a été rejetée le vendredi 4 mai 2018 par le juge des libertés et de la détention (JLD). "Nous avons été notifiés aujourd’hui et j’ai immédiatement interjeté appel", a annoncé Me Emmanuel Marsigny, l’homme de loi de l’intellectuel musulman.
L’avocat pointe du doigt la décision "invraisemblable" de la justice. D’après lui, le parquet judiciaire, le JLD ainsi que le magistrat instructeur ne prennent pas en compte des éléments à décharge. La Défense de Tariq Ramadan accuse les plaignantes de "mensonges" en pointant des incohérences dans leurs récits.
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Pour rappel, l’islamologue suisse de 55 ans est derrière les barreaux depuis plus de trois mois pour viol et viol sur personne vulnérable. Trois femmes en France l’avaient accusé tandis qu’une quatrième personne a déposé plainte pour les mêmes faits à Genève. L’enquête a été déclenchée en octobre 2017.
Tariq Ramadan a été transféré en mars 2018 de la prison de Fleury-Mérogis à l’hôpital de celle de Fresnes pour un cas de sclérose en plaques. Il a déposé cette demande de liberté le 24 avril, après les résultats d’une expertise judiciaire estimant sa détention possible malgré sa maladie. À l’époque, la justice avait déclaré que l’islamologue pouvait être incarcéré à condition de "continuer à bénéficier de l’accès aux soins".
D’après Me Marsigny pourtant, la prison de "Fresnes est incapable de lui assurer ses quatre séances de kinésithérapie hebdomadaire". Tariq Ramadan n’aurait reçu qu’une seule session depuis le 26 avril 2018.
Pour l’avocat de l’intellectuel musulman, il est clair que la justice verse dans la subjectivité par rapport au cas de son client. "Cette décision traduit le manque d’objectivité et d’impartialité de l’ensemble de la chaîne pénale - policiers et magistrats - impliquée dans cette affaire", dénonce la Défense de l’islamologue. "Je m’apprête d’ailleurs à demander le dessaisissement du service enquêteur", a-t-il prévenu.
"On nous dit avec force gesticulations que nos clientes se contredisent et mentent, alors pourquoi les juges jugent-ils ainsi ? Sont-ils aussi manipulés ? Cette défense façon théorie du complot n’est pas digne face à la vérité du dossier", a rétorqué Me Eric Morain, avocat de la deuxième plaignante.
Source : 20 Minutes, Europe 1