La députée Huguette Bello est intervenue à l’Assemblée nationale dans le cadre du vote sur la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans le déracinement des enfants de la Creuse.
Dans le cadre de la présentation de la résolution mémorielle visant à amener l’État à reconnaître sa responsabilité dans l’exil forcé des Réunionnais en Creuse, la députée Huguette Bello est intervenue à l’Assemblée Nationale. La résolution a été adoptée.
Elle a d’abord replacé le contexte historique de cet évènement, dressant le portrait du Département à l’époque : "en 1963, l’île de la Réunion est département de la République française depuis moins de 20 ans. Du moins en a-t-elle le statut. Car dans son organisation économique et sociale, avec ses infrastructures archaïques, dans le peu de perspectives de formation et d’insertion qu’elle offre à sa nombreuse jeunesse, dans sa détresse sanitaire, l’île a encore pratiquement tout d’une colonie."
"Au début des années 1960, des décisions lourdes ont été prises pour sortir l’île de son sous-développement et pour améliorer les conditions de vie matérielle de la population réunionnaise", rappelle-t-elle avant d’ajouter, "c’est ainsi que, pour soulager la misère des 250 000 Réunionnais, éviter une poussée démographique, et prévenir une explosion sociale tant annoncée et tellement redoutée."
Huguette Bello a ensuite évoqué les intentions de l’institution nationale : "C’est dans ce contexte qu’est créé en 1963 le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer. Ce fameux BUMIDOM qui a représenté l’espoir pour des jeunes privés de perspectives, mais qui n’a pas toujours exaucé les rêves des jeunes des départements d’Outre-mer, de sorte qu’il en reste dans la mémoire collective un souvenir mitigé."
La députée s’insurge des résultats de cette politique d’émigration : "Mais pourquoi a-t-il fallu qu’on mêle à cette entreprise de migration, des enfants ? Comment a-t-on pu proposer comme mesure de protection à ces enfants pauvres, quelquefois maltraités, d’autres fois abandonnés, une expédition à des milliers de kilomètres de leur île ? Pourquoi leur a-t-on menti et promis une scolarisation, un métier, des vacances au pays, des retrouvailles en famille, des perspectives de retour ? Comment se sont-ils souvent retrouvés à répondre aux besoins de régions françaises en mal de main-d’œuvre ?"
L’élue souligne par ailleurs : "on peut s’étonner à cet égard du climat de résignation qui a toléré tant à la Réunion qu’en France continentale l’organisation de ce transfert d’enfants. Le contexte est celui des années 1960. Les grandes lois de protection de l’enfance ne sont pas encore votées, la Déclaration des droits de l’Enfant non plus."
Elle termine sa plaidoirie : "mes chers collègues, la Nation a manqué aux enfants de la Creuse. Doublement. Il y a d’abord les faits : l’arrachement à la famille et au pays, le départ, les conditions du voyage, les mensonges, les souffrances.
La proposition de résolution entend obtenir que toutes les décisions nécessaires soient prises pour amplifier la connaissance de l’histoire des Enfants de la Creuse.
La résolution s’attache à l’accompagnement des démarches de celles et de ceux qui ont besoin de renouer avec cette part de leur identité qui leur a été enlevée : de renouer avec leur histoire intime, avec leurs familles, et avec leur île.
J’adhère pleinement à ces deux dimensions de l’acte de reconnaissance."