Après l’affaire du sang contaminé, de la vache folle, de l’amiante, les autorités sanitaires françaises s’apprêtent à gérer un nouveau scandale. Le médiator, ce médicament préconisé pour le traitement des malades atteints du diabète aurait fait plusieurs centaines de victimes en France. Dans l’île, l’affaire est suivie de près par la population. La Réunion est en effet la région de France la plus touchée par cette pathologie. Si pour l’heure on ignore s’il y a eu des décès liés à l’utilisation de ce médicament, les craintes des patients réunionnais s’accentuent de jour en jour.
Alors que le remaniement ministériel fait débat, c’est bien l’affaire "Médiator" qui cristallise toutes les attentions. La publication d’un rapport dressé par la Caisse nationale d’assurance maladie a fait l’effet d’une bombe : sur une période de trente ans, 500 personnes diabétiques traitées au Mediator auraient développé des malformations au niveau du coeur et succombé à ces complications, en France.
Les autorités sanitaires françaises sont donc en alerte. Tous les patients qui auraient utilisé ce médicament durant plus de trois mois ont été appelés à consulter leur médecin traitant. A la Réunion, où la part de diabétique avoisine les 10%, la population se pose aussi des questions. Pour l’heure, aucune étude n’a permis de définir avec exactitude les dégâts du Médiator à l’échelle locale mais d’ores-et-déjà les témoignages de patients révoltés affluent.
En parallèle de cette situation de crise, le Gouvernement devra prendre ses responsabilités. Aux Etats-Unis, le Médiator avait été retiré du marché après un rapport particulièrement critique. En Italie, ce médicament utilisé pour le traitement des diabétiques et étendu aux personnes voulant perdre du poids avait cessé d’être utilisé en 2005 pour les mêmes raisons. Or, dans l’hexagone, le Mediator n’avait été interdit qu’en 2009, malgré maintes signaux d’alerte actionnés par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits français.
Les explications fournies jusqu’ici par le laboratoire qui commercialise ce produit n’ont pas convaincu. Pour de nombreux chercheurs, en particulier Irène Frachon (une pneumologue qui déjà en 2008 dénonçait les effets néfastes du Mediator), la réaction des pouvoirs publics a été trop longue à venir.