Cette deuxième journée d’audience a été dominée par le récit des victimes de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie". Après avoir entendu le témoignage d’Alexandre Thélahire et de ses proches, les juges ont donné la parole à l’un des seize accusés, Guillaume Maillot. C’est lui qui a organisé la rencontre entre Juliano Verbard et le jeune Alexandre, présenté comme l’élu.
"Aujourd’hui, je suis détaché de cette emprise sectaire". Pour Guillaume Maillot, l’heure de la libération semble avoir sonné. S’il admet avoir permis la rencontre entre le gourou Juliano Verbard et Alexandre Thélahire, il livre ce jeudi une toute nouvelle version, dans laquelle il rejette toute la responsabilité sur Juliano Verbard.
A la barre, le jeune accusé qui comparait libre parle fort et donne une foule de détails sur sa rencontre avec Alexandre, la première retraite spirituelle de l’enfant de coeur, et la peur que lui inspirait le gourou.
Guillaume Maillot se dit aujourd’hui affranchi de l’emprise de celui qu’il nomme désormais "Monsieur Verbard". Pour lui ce procès est synonyme d’exutoire. Il peut enfin mettre au jour la réalité des faits, du moins sa réalité. Guillaume Maillot dresse le portrait d’un gourou emblématique, d’un "ange dans un corps" dont les vexations se traduisent par des élans de violence : "J’ai commencé à craindre Juliano Verbard le jour où je l’ai vu donner une correction à Fabrice Michel (son amant)".
Guillaume Maillot ajoute cependant que jamais, il n’a douté de la sincérité de Juliano Verbard, tant il était embrigadé. Le chef du groupe "Coeur douloureux et immaculé de Marie" était à cette époque en cavale, condamné à de lourdes peines de prison pour des faits de viols et d’agression sexuelle sur mineur.
Malgré les démêlés judiciaires de son gourou, Guillaume Maillot reste sous influence et lui parle d’Alexandre, "un petit dont la piété est exceptionnelle". L’accusé raconte encore : " J’ai remis des lettres de Juliano à Alexandre avant leur rencontre au mois de mai 2007. Lors de la messe qui a suivi, Juliano Verbard a eu une apparition et annoncé qu’Alexandre était son héritier, l’élu désigné".
Visiblement exaspéré par les contradictions de Guillaume Maillot, le président de la cour d’assises conclut son intervention en parlant de "vérités, contre-vérités, voire mensonges". De son côté, MaÎtre Nicolas Normand écoute attentivement les multiples accusations portées à l’encontre de Juliano Verbard, son client. L’avocat n’hésite pas à dire à Guillaume Maillot : "Vous êtes libre car vous avez balancé vos amis". La tête baissée, l’ancien adepte de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie" retourne s’asseoir sur le banc, près des autres accusés qui comparaissent libres. Le jeune homme qui a alerté tous les médias et annonçait un témoignage choc a finalement vu son argumentaire démonté point par point par la défense.