Sur les 17 500 personnes placées en centre de rétention à Mayotte en 2015 figurent 4 378 mineurs contre 105 en métropole.
Alors que la France compte au total près de 48 000 étrangers dans le centre de rétention administrative, Mayotte en abrite 17 500 personnes en 2015, dont 4 378 mineurs. La nouvelle a été publiée mardi lors d’une conférence de presse donnée par la Cimade et Solidarité Mayotte, deux associations œuvrant sur l’accès aux droits des migrants.
30 fois plus d’enfants enfermés à Mayotte
Les deux associations ont notamment dénoncé les écarts entre Mayotte et le reste du territoire national. En effet sur 27 947 placements en centre de rétention administratif en métropole en 2015, il n’y avait que 105 mineurs. Le rapport met l’accent sur la situation dans le 101e département au cours des cinq dernières années avec 30 fois plus d’enfants enfermés (à Mayotte) que dans tous les départements français. Il s’agit en particulier de mineurs qui sont ensuite expulsés du territoire en étant "rattachés arbitrairement à des adultes", a confié Yohan Delhomme de la Cimade sur le récit de Paris Normandie. Solidarité Mayotte dénonce pour sa part une situation "illégale".
Défaut d’entretien
De nouvelles mesures encadrant la situation des mineurs étrangers sont en vigueur depuis janvier 2015 suite à une ordonnance du Conseil d’État actée en janvier 2015. Il y est stipulé que la Préfecture de Mayotte se doit "d’assurer l’identité du mineur et de la personne qui y est rattachée, de vérifier l’exactitude de leur filiation et de garantir les conditions de leur prise en charge sur le lieu de destination". Toutefois, les difficultés restent de mise dans la constitution des recours de contestation auprès de la préfecture ou du tribunal administratif. Et pour cause : "seules 9 % des personnes placées en rétention ont fait l’objet d’entretiens depuis novembre" alors que "40 à 50 personnes" sont présentées au centre de rétention chaque jour, rapporte Solidarité Mayotte.
Dans l’attente de la mesure sur la simplification du temps de saisine
Dans l’optique de pouvoir améliorer les conditions d’accès aux droits en rétention, les deux associations espèrent beaucoup de l’entrée en vigueur au 1er novembre de la simplification du temps de saisine du juge des libertés et de la détention, passant de 5 jours à 48 heures. Ainsi, un étranger ne pourra être éloigné sans mesure statuée par le juge. Mayotte est confrontée à une forte pression migratoire de l’archipel voisin des Comores, et particulièrement de l’île d’Anjouan, située à 70 km de ses côtes. En 2015, plus de 19 000 personnes ont été reconduites à la frontière du département contre environ 20 000 sur tout le territoire métropolitain.