La sécurité sanitaire des aliments reste un défi majeur à Madagascar, où les consommateurs sont exposés à des risques divers tels que l’intoxication alimentaire.
De source officielle, les cas d’intoxication alimentaire ont fortement augmenté, passant de 812 en 2010 à 2 218 en 2011. Plusieurs facteurs entrent en jeu pour expliquer ces chiffres. La plupart des ménages malgaches « ignorent que la viande de bœuf ou de porc qu’ils consomment peut contenir un résidu d’antibiotiques ou de pilplan (injection contraceptive) qui va affecter les hormones humaines ».
Les causes de ces interactions entre médicaments et aliments sont nombreuses, mais la plus criante concerne le nombre « trop restreint » de vétérinaires, mais aussi le manque d’ infrastructures adéquates comme des laboratoires d’analyse.
Sur la Grande île, « les consommateurs (sont) livrés à eux-mêmes », rapporte le quotidien L’Express de Madagascar, qui attire l’attention sur l’absence ou le non-respect des normes et de qualité requises, notamment au niveau des denrées alimentaires commercialisées sur les marchés. « Manger serait-il devenu risqué ? La réponse est oui », écrit le quotidien, qui dresse un constat alarmant sur une réalité qui existe à Madagascar ces dernières années.
« Normalement, on doit connaître la qualité de la viande vendue sur le marché. Mais comment 300 vétérinaires sur l’ensemble du territoire national arriveront-ils à surveiller tous les éleveurs du pays. D’autre part, l’État, étant vulnérable, ne peut pas initier des actions en amont », déplore le Dr Raymond, directeur général de l’Élevage.
« L’absence de système de sécurité sanitaire des aliments a déjà coûté cher à Madagascar », rappelle L’Express de Madagascar, qui fait référence à l’embargo européen infligé auparavant sur la viande de zébu ou le miel en provenance de la Grande île. Car sur le marché européen, la qualité, tout comme la norme, ne se négocie pas.
C’est pourquoi, « il nous faut un agrément bio-sécurité donné par l’Union européenne pour pouvoir exporter. Mais l’urgence pour cette année est d’abord la mise place des infrastructures, notamment des abattoirs aux normes ainsi que la traçabilité de la viande », explique la ministre de l’Élevage, Ihanta Randriamandranto, à l’occasion de l’atelier de réflexion sur le « Système de sécurité alimentaire des aliments à Madagascar ».
Le manquement en matière de sécurité sanitaire des aliments concerne aussi plusieurs autres filières. Sauf pour les crevettes, par exemple, qui arrivent actuellement à se conformer aux exigences du marché extérieur, au prix d’un effort financier important. « Nous sommes confrontés à l’exportation d’échantillons de nos produits à l’extérieur pour en faire une analyse. Les dépenses nous coutent les yeux de la tête », confie un exportateur, faisant allusion à une démarche effectuée auprès de l’Agence de contrôle de la sécurité sanitaire et de la qualité des denrées alimentaires (Acsqda).
Du côté des consommateurs locaux, une étude est en préparation afin d’évaluer l’importance des ‘entérobactéries’ dans les plats cuisinés et vendus dans les gargotes et sur les étals des boucheries de la ville d’Antananarivo. Cette étude devrait concerner plus de 140 établissements. L’objectif est clair : « les Malgaches doivent être protégés », lance Roland Ravatomanga, le ministre de l’Agriculture.