Le message est clair pour le souverain pontife : tous les dirigeants religieux politiques, intellectuels musulmans doivent condamner "clairement" et sans ambiguïté le terrorisme islamiste.
C’est lors d’une conférence de presse à bord de l’avion le transportant à Rome en provenance d’Istanbul que le pape François a fait cette déclaration. Questionné sur le terrorisme des groupes jihadistes entraînant "l’islamophobie", Jorge Bergoglio a affirmé qu’il avait déjà réclamé cette condamnation sans équivoque lorsqu’il s’est entretenu vendredi avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. "Je lui ai dit qu’il serait beau que tous les dirigeants musulmans du monde, politiques, religieux et universitaires, se prononcent clairement et condamnent" cette violence qui nuit à l’islam a précisé le numéro un du Vatican sur le récit du Monde de ce 01er décembre.
Le pape François d’indiquer que "cela aiderait une majorité des musulmans, si cela venait de la bouche de ces dirigeants politiques, religieux, universitaires. Nous tous avons besoin d’une condamnation globale" de ce phénomène avant de rajouter "il est vrai que devant ces actes, commis pas seulement dans cette zone (Irak, Syrie) mais aussi en Afrique, il y a une réaction d’aversion : si c’est cela l’islam ! Je me mets en colère. Et tant de musulmans sont offensés et disent : nous ne sommes pas ces gens-là, le Coran est un livre prophétique de paix".
Le pape argentin a condamné ceux qui "disent que tous les musulmans sont terroristes. Comme on ne peut pas dire non plus que tous les chrétiens sont fondamentalistes." Il conteste également "la christianophobie » : les islamistes « chassent les chrétiens du Moyen Orient, ils doivent partir, perdant tout ou devant payer un impôt". Et dans certains pays, a-t-il souligné, parfois des responsables "chassent les chrétiens avec des gants blancs", sans avoir recours à la violence mais à coups de tracasseries administratives, "comme s’ils voulaient qu’il ne reste aucun chrétien dans ces pays", a-t-il déploré, sans citer les noms des pays.
Jorge Bergoglio a évoqué un ambassadeur musulman qui lui avait dit que "le dialogue inter-religieux était arrivé à sa fin". "Nous devons faire un saut de qualité", a-t-il annoncé, en prônant, au delà du dialogue entre intellectuels, un dialogue entre "personnes religieuses de différentes appartenances" sur leur "expérience religieuse".