Le conflit syrien fait plus de 5000 morts par mois et 6000 déplacés par jour selon l’ONU qui appelle le Conseil de Sécurité à prendre des mesures face à ce qui s’apparente comme la grande tragédie du 21e siècle.
Ce qui se passe en Syrie actuellement est la pire crise en matière de réfugiés depuis le génocide rwandais, estime l’ONU qui, par la voie du Haut commissaire aux réfugiés Antonio Guterres, a publié les chiffres officiels connus à ce jour concernant les 26 mois de conflit ayant déjà obligé 1,8 million de Syriens à fuir leur pays.
"Nous n’avons pas vu un afflux de réfugiés grimper à un niveau aussi effrayant depuis le génocide rwandais il y a presque vingt ans", a déclaré ce responsable.
Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les droits de l’Homme Ivan Simonovic, a interpellé le Conseil de Sécurité sur les pertes humaines enregistrées depuis le début des conflits : plus de 5 000 décès par mois et près de 100 000 en 26 mois, des chiffres " sourcés de manière non professionnelle", estime l’ambassadeur de la Syrie à l’ONU, Bachar Jaafari.
Le monde "assiste non seulement à la destruction d’un pays mais aussi à celle d’un peuple", interpelle de son côté Valérie Amos, coordinatrice de l’aide d’urgence à l’ONU. Selon elle, "les conséquences sécuritaires, économiques, politiques, sociales, humanitaires et de développement de cette crise sont extrêmement graves et son impact humain (est) impossible à mesurer en terme de traumatisme à long terme et de conséquences émotionnelles sur cette génération de Syrien et sur les suivantes".
Justement, sur le plan humanitaire, 7 millions de Syriens, dont la moitié des enfants, nécessitent actuellement des aides d’urgence. Seulement, les organismes humanitaires se heurtent souvent au refus des protagonistes locaux qui interdisent l’accès dans les zones sinistrées.
"Il faut que soient établies des routes humanitaires prioritaires", "avec la mise en place d’opérations transfrontalières, si nécessaire", insiste donc cette responsable onusienne, des propos recueillis par France 24.
L’ambassadeur adjoint de la Turquie à l’ONU Levent Eler, dont le pays a déjà enregistré 347 000 réfugiés syriens en mai, partage le même avis. "Le Conseil doit considérer des formes alternatives d’acheminement de l’aide, y compris des opérations transfrontalières", a-t-il rajouté. Si rien n’est fait dans l’immédiat, le conflit syrien pourrait devenir bientôt "la plus grande tragédie humanitaire du XXIe siècle".
La presse nationale s’interroge actuellement si ce bilan établi par les trois responsables onusiens allait faire réagir les deux pays qui, depuis le début des hostilités, ont toujours apposé leur véto à toutes les résolutions présentées en Conseil de Sécurité, s’agissant de la Russie et de la Chine.