Rajesh Kumar Singh/AP/SIPA
Le gouvernement indien qui s’engage dans un nouveau combat contre la pornographie en ligne a placé le quotidien régional Le Dauphiné Libéré sur une liste noire de sites à rendre inaccessibles depuis le pays.
En croisade contre le Web pornographique et au nom de la "morale" et de la "décence", le gouvernement indien veut interdire l’accès à 857 sites pornographiques inventoriés par le ministère indien des télécommunications et qu’il juge "répréhensibles". Contre toute attente, le site d’informations régionales ledauphine.com en fait parie au même titre que "ohasiatiques.com" ou "hindisex.com", rapporte Le Monde ce mardi. Selon la presse indienne rapportant des sources auprès du ministère des télécommunications, le gouvernement représente des "activités anti-sociales". Le porte-parole du ministère des télécommunications, N.N. Kaul a de son côté affirmé que le but de cette censure serait, in fine, de bloquer les contenus pédopornographiques.
Ayant fait l’objet d’une fuite sur Internet, le dossier confidentiel a pu être consulté par l’équipe du Monde. Le document de 17 pages présentait déjà une liste soumise à la Cour suprême par l’avocat Kamlesh Vaswani, le mois dernier. Le gouvernement n’a fait que l’étoffer. Avec la présence d’un site d’informations français dans la liste, l’assaut lancé par le premier ministre indien, Narendra Modi contre la pornographie en ligne risque d’être décrédibilisé et fortement critiqué. De nombreux opposants y voient une atteinte à la liberté d’expression et dénoncent également l’archaïsme du système de filtrage employé.
Par ailleurs, certains considèrent le blocage des sites pornographiques comme une attaque contre les libertés individuelles. "N’interdisez pas le porno. Interdisez les hommes qui reluquent, qui matent, qui se frottent, qui tripotent, qui importunent, qui agressent, qui humilient et violent les femmes. Interdisez (les rapports) sans consentement. Mais pas le sexe", a clamé l’auteur populaire Chetan Bhagat.