La semaine dernière UFC-Que Choisir a sorti une étude selon laquelle, 75 % des encres testées représentent un risque sanitaire élevé.
À la suite de résultats à des tests en laboratoire sur les composants des encres de tatouage, UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme et saisit la DGCCRF et l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) pour procéder au retrait et au rappel de nombreux produits.
Colorants C, hydrocarbures aromatiques, polycycliques… Selon UFC-Que Choisir, le taux de ces produits présents dans les encres dépasserait les seuils règlementaires.
Des produits qui, selon une dermatologue, manquent de contrôles "On ne sait pas ce qu’il y a dans ces produits, ils n’ont pas subi de tests médicamenteux. Les personnes pensent acheter quelque chose de bien mais ce n’est pas forcément le cas."
La raison de tous ces produits, les couleurs. "Pour les couleurs il y a des stabilisateurs, des produits de conservation pour que l’encre se conserve, mais pas forcément pour que ce soit toléré dans la peau", explique le Dr Anna Kolbe, dermatologue.
"Ce sont des produits pour lesquels on n’est pas sûr de leur innocuité, cela dépend des doses et de la concentration."
Pour la professionnelle de santé, il faudrait que ces produits soient plus surveillés. "Les gens se font tatouer mais n’ont pas la référence de l’encre. Chez certaines personnes les tatouages développent des infections ou des allergies avec les composants et comme on ne sait pas ce qu’il y a dans l’encre, c’est difficile à traiter."
Pour Loïc Gignoud, tatoueur dans l’Ouest de l’île, l’enquête d’UFC ne peut établir que les encres sont cancérigènes. "Depuis 10 ans je participe au Congrès de l’ECPT (European Congress on Tattoo and Pigment Research) dirigé par des scientifiques et la littérature médicale n’a encore jamais démontré un lien entre les encres de tatouage et les cancers.
Depuis 2008, je suis formateur pour le stage de formation hygiène, obligatoire pour exercer la profession de tatoueur et j’exhorte tous les participants à commander leurs encres de tatouage auprès de distributeurs français qui ne peuvent vendre que des encres conformes à la réglementation européenne (Resap2008).
"Le SNAT (Syndicat National des Artistes Tatoueurs) dont je suis adhérent depuis sa création a récemment rappelé l’attention du Ministère de la santé et de l’ANSM afin de travailler ensemble sur le sujet des encres et des pratiques de tatouage.
D’autre part et pendant 4 années j’ai participé avec 27 autres pays européens à l’élaboration de la norme européenne sur les bonnes pratiques du tatouage (NF EN 17169) publiée il y a moins d’un an. La ministère de la Santé faisait également partie des membres actifs à la rédaction de cette norme. Le décret de 2008 à mis en place des contrôles des salons de tatouage (Hygiène, conformité des locaux et des matériels utilisés qui sont depuis lors, quasi inexistants. Je ne peux que le déplorer, d’autant que j’ai participé à la formation des pharmaciens inspecteurs de santé à l’école des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes.
Au lieu d’alarmer inutilement sur une toxicité supposée des encres je pense que L’UFC-Que choisir aurait mieux fait de parler de sécurité sanitaire et des tatoueurs clandestins, dangereux pour la population et qui pullulent dans toute l’Europe."